"Que le Seigneur vous donne, entre vous, et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant." (I Thess. 3,12)
Le souhait de Paul pour la communauté de Thessalonique, et pour la nôtre, c’est un amour ou une tendresse mutuelle qui change la qualité de nos relations familiales, qui donne une ferveur nouvelle à la vie de nos communautés : une qualité et une ferveur qui soient missionnaires en débordant le cadre de nos vies familiales et celui de nos communautés.
Cet amour n’est pas seulement un effort que Dieu nous demande… c’est lui qui a le pouvoir de le donner : "Que le Seigneur vous donne un amour de plus en plus intense et débordant."
Et ce qui est vrai de l’amour est vrai également de la sainteté. Elle aussi est, avant tout, l’œuvre de Dieu : "Qu’il affermisse vos cœurs dans une sainteté sans reproche." (3,13)
Les docteurs de la Loi voyaient la sainteté un peu comme un exploit ou un acquis : une sorte de propriété personnelle sur laquelle ils avaient des droits, et que Dieu devait récompenser !
Saint Paul, comme Jésus, s’oppose à cette erreur de perspective. Notre sainteté (relative), que Dieu voudrait constamment faire grandir, et à laquelle nous ne cessons de résister, comment croire qu’elle puisse nous donner des droits sur lui ?
Pour tenter d’illustrer ce qu’est notre situation par rapport à Dieu, imaginons quelqu’un qui se noie : une barque passe… une main se tend et prend la main de celui qui coulait… et lui, à peine la tête hors de l’eau, voilà qu’il commence à revendiquer ses droits ! Voilà comment nous sommes ! Dieu doit avoir envie de nous dire : "Si tu as la tête hors de l’eau, c’est parce que je te tiens … si je lâche, tu coules."
Dieu ne lâche pas… mais cette sainteté n’est pas notre propriété. C’est le Christ qui sauve et qui sanctifie.
On devrait lui dire : "Tu le vois, Seigneur, je fais tout ce qui dépend de moi, mais je sais que cela ne me donne pas de droit sur toi. Cela ne suffit pas à me rendre digne de toi. Si tu le veux, tu peux me sauver et me sanctifier. Seigneur, je m’en remets à ta tendresse."
Une telle prière suppose naturellement que l’on fasse tout ce qui dépend de nous, en mettant en œuvre tous les talents reçus de Dieu (Mt 25,14-30), mais cela ne donne pas de droits : tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, nous l’avons reçu.
Cette sainteté (que l’Évangile appelle aussi : "justice"), on ne peut ni se l’approprier, ni la recevoir avec tiédeur ou indifférence… on doit la désirer et l’accueillir comme le don le plus précieux : comme la perle rare qui mérite tous les sacrifices (Mt 13,46). "Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur." (Lc 12,34)
Si nous savons cultiver ce désir et cette soif de sainteté, nous sommes "Bienheureux". Ce que Dieu veut, c’est nous combler : "Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, ils seront rassasiés." (Mt 5,6)
Il ne peut pas rassasier des tièdes ou des gens qui n’ont pas soif.
On retrouve cet appel à la sainteté dans l’invitation de l’Évangile à ne pas s’assoupir, mais à veiller dans la prière : "Restez éveillés dans une prière de tous les instants pour être jugés dignes de vous tenir debout devant le Fils de l’homme." (Lc 21,36)
Publié le 2009-11-29