La perspective de Jean est celle des prophètes de l’Ancien Testament.
A la fin des temps, selon le Livre de la Sagesse (5,23) : "Le souffle de la Toute Puissance s’élèvera contre [les pécheurs] et les vannera comme un ouragan."
Jean Baptiste emploie le même langage : "Moi je vous baptise dans l’eau … lui, vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu."
Baptiser, c’est plonger. Il faut donc comprendre : "lui vous plongera dans l’Esprit (ou le Souffle) de Dieu et dans le feu." … "Moi je vous plonge dans l’eau … lui, vous plongera dans un ouragan."
Jean Baptiste ne parle pas du Sacrement du Baptême : il annonce l’imminence du jugement de Dieu, qui était attendu pour la fin des temps, et il désigne Jésus comme celui qui vient accomplir ce jugement de Dieu ! Le Baptême ou l’immersion dont il parle, c’est une immersion "dans le souffle de Dieu et le feu". Il oppose son propre baptême d’eau : immersion qui était une invitation au repentir, à cette immersion dans le souffle de Dieu qui est une purification bien plus radicale : une purification qui aura le pouvoir de détruire le péché.
Jésus est celui qui vient accomplir l’attente de l’Ancien Testament : attente d’un jugement de Dieu qui met fin au péché. Jésus lui-même doit accomplir ce "jugement" : lui-même tient dans sa main la "pelle à vanner" !
Ce que les Juifs attendaient de Dieu, Jean Baptiste révèle que c’est Jésus de Nazareth qui vient le réaliser ! Cet immense prophète a deviné le secret de la personnalité divine de Jésus et le secret de sa Mission dans le monde.
Et pourtant, Jean n’a pas tout compris : il imagine encore cette mission divine de Sauveur à la façon des prophètes de l’Ancien Testament : comme un cataclysme et comme une destruction des pécheurs.
Sur ce point, les choses ne se passeront pas comme Jean les attendait.
Jésus est bien celui qu’annonçaient les prophètes, mais son message va au-delà de leur attente. Même "le plus grand parmi les enfants des hommes" en sera étonné… et, plus tard, il enverra ses disciples demander à Jésus : "Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?" (Mt 11,3)
La nouveauté du Nouveau Testament est si grande que Jean, qui semblait avoir tout compris de Jésus, en vient à avoir des doutes sur sa personne et sa mission !
La réponse à la question de Jean se trouve tout au long de l’Évangile : Jésus est venu détruire le péché, mais non pas les pécheurs !
Les Juifs savaient que Dieu est amour, mais il pensaient qu’il n’aimait que les justes : ceux qui sont sans péché !
Jésus leur explique qu’il n’y a pas de juste.
Si Dieu n’aimait que les justes, il faudrait supposer que Dieu est amour… mais qu’il n’aime personne !
En fait, dire que Dieu est amour, c’est dire qu’il nous aime tels que nous sommes, et qu’il aime pardonner.
Publié le 2009-12-13