La formule est connue… et certains peuvent avoir le sentiment que tel ou tel groupe de pression en fait un usage abusif.
Et pourtant, si l’on considère notre relation à Dieu, cette formule traduit bien l’attitude du plus grand nombre d’entre nous !
Même si la formule est parfois légitime dans les relations entre les hommes, elle ne l’est jamais dans notre relation avec Dieu.
Nous sommes assis sur nos droits et nos avantages acquis… et il ne nous vient pas à l’idée que tout ce que nous sommes, et tout ce que nous possédons, nous le tenons du Créateur de l’univers.
Nous voyons notre Baptême comme l’un de ces avantages acquis.
En général, on n’a pas le souvenir de son Baptême, et il ne nous vient pas à l’idée de rendre grâce pour ce don immense qui nous a fait entrer dans la vie trinitaire.
Dans le récit du Baptême de Jésus, Saint Luc nous le présente, dès le premier acte de sa vie publique, comme étant l’une des trois personnes divines : un message qui donne sens à tout l’Évangile qui va suivre.
Ce récit est également l’annonce de notre Baptême. On sait que "Baptiser" veut dire "plonger", et que le "nom" désigne la "personne". Être baptisé au nom des trois personnes, c’est être plongé dans leur vie divine : entrer avec chacune dans un communion de personne à personne, ce qui n’a jamais été et ne sera jamais un droit, mais un cadeau immensément gratuit.
Or, ce cadeau ou cette grâce de notre Baptême, on n’y pense pratiquement jamais. On est assis dessus comme sur un droit : c’est un avantage acquis depuis notre enfance. Notre spiritualité n’est pas une spiritualité de baptisés.
Ce don de l’Esprit : cette vie d’enfant de Dieu, il me faut l’accueillir de nouveau… en me plongeant, en pensée ou en esprit, dans les eaux du Jourdain avec ceux qui entendaient le message de Jean Baptiste et se reconnaissaient pécheurs… avec Jésus lui-même qui a voulu recevoir ce baptême de pénitence… et avec lui, ouvrir mon cœur à la voix du Père qui me dit : "Tu es mon fils, en toi j’ai mis tout mon amour"… et ainsi, accueillir, dans l’action de grâces, cet amour intense et gratuit qui a fait de moi un fils.
On s’habitue même à l’Eucharistie. On se se demandent parfois si on est obligé de répondre à cette invitation du Seigneur Jésus qui nous donne son corps… pour faire vivre en nous sa filiation divine.
Ce qui montre jusqu’où on peut dégringoler quand on ne fait pas les choses par amour.
Imaginez que vous êtes à la maison un soir pluvieux d’hiver… et vous entendez frapper à la porte… toc, toc !
Vous regardez par la petite loupe de la porte… et que voyez vous ? Votre mère âgée qui est venue à pied et qui attend dehors.
Vous n’allez pas dire : "Est-ce que je suis obligé de lui ouvrir ?"
Vous allez ouvrir par amour… c’est évident… même si vous aviez d’autres projets ce soir-là ! L’amour crée des priorités !
Même si, un jour, votre mère n’a plus rien à vous donner… c’est elle qui vous a tout donné… elle a priorité sur tout !
Eh bien Jésus aussi frappe à la porte… lui aussi nous a tout donné… et lui non plus ne nous oblige pas à ouvrir : "Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi." (Apoc. 3,20)
Publié le 2010-01-10