Le soir de Pâques, Jésus dit aux disciples : "De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie." (Jn 20,21)
Jésus les envoie, mais, en fait, ils ne bougent pas !
À Jérusalem, mais ils ne donnent pas l’impression d’être beaucoup sortis, et en Galilée, ils reprennent leur métier de pêcheurs.
Pendant ces quarante jours, Jésus leur apparaît.
Ils ont la foi, mais avant la Pentecôte ils ne seront pas des témoins.
Il faut noter que le mot témoin peut avoir deux sens assez différents :
1) le témoin d’un événement : celui qui dit ce qu’il a vu.
2) le témoin d’une croyance : celui qui dit ce qu’il croit.
Ce dernier sens est le plus habituel dans l’Église : ce mot désigne des chrétiens qui montrent leur foi, non pas seulement par des discours, mais par leur comportement, leur courage et leur amour fraternel.
Le mot martyr est un mot grec qui veut dire témoin.
Les martyrs des premiers siècles de l’Église, et ceux d’aujourd’hui, ne sont pas témoins de ce qu’ils ont vu, mais de ce qu’ils croient, et ils sont prêts pour cela à donner leur vie.
Mais quand l'Évangile dit que les Apôtres sont les témoins de la Résurrection, le mot a son sens primitif, qui est aussi son sens le plus habituel : celui qui parle de ce qu’il a vu.
Il y a une formule qui était à la mode il y a quelques année, dans les revues catho. : on disait que si les Apôtres ont reconnu Jésus ressuscité, c’est parce qu’ils avaient la foi… parce qu’ils le voyaient avec les yeux de la foi !
Ça n’a l’air de rien, mais cela revient à expliquer l'Évangile en disant le contraire de l'Évangile !
La théologie biblique, ou l’exégèse, a pour but de comprendre ce que veut dire l’auteur du texte. La Bible est la parole de Dieu, mais, pour comprendre ce que Dieu veut nous dire, il faut d’abord comprendre ce que voulait dire l’auteur inspiré par Dieu.
Ici, le message de saint Jean est clair : ce n’est pas leur foi qui a permis aux Apôtres de reconnaître Jésus… parce qu’ils n’avaient plus la foi !
Et c’est justement parce qu’ils le reconnaissent qu’ils retrouvent la foi.
Jésus ne dit pas à Thomas : "Parce que tu as cru, tu me vois."
Il dit : "Parce que tu m’as vu, tu crois."
Il y a une différence de nature entre le témoignage des Apôtres et celui de tous les autres témoins ou des martyrs de l’Église.
Les Apôtres ne sont pas simplement témoins de leur foi, comme nous.
Il ne faut pas réduire leur témoignage au témoignage de la foi.
Ils sont les témoins de la Résurrection, c’est-à-dire : témoins d’un événement qui est le point de départ de l’Église.
Il ne sont pas les témoins d’une opinion concernant Jésus, mais d’un événement.
Regardez d’ailleurs le Credo : il comporte un ensemble de vérités, mais toutes ces vérités concernent des personnes ou des événements.
Il résume l’histoire du salut : la naissance parmi nous du Fils de Dieu, sa vie, sa mort, et sa résurrection. C’est l’histoire de l’intervention de Dieu dans notre humanité. Et c’est de cela que les Apôtres sont témoins.
On s’interroge parfois sur la résurrection. Jésus n’a pas répondu à nos questions par des théories : mais en ressuscitant : en se manifestant dans une vie tout autre et, en même temps, une vie qui le rend plus proche que jamais de ses disciples.
Publié le 2010-04-11