On ne peut pas vivre tiraillé entre deux maîtres !
On ne peut pas être serviteur de Dieu et, en même temps, de l’argent : "On s’attachera au premier, et on méprisera le second." (Luc 16,13)
Jésus nous demande-t-il de renoncer totalement à l’argent ? C’est un conseil qu’il donne, dans d’autres passages de l'Évangile : par exemple au jeune homme riche, mais ce n’est pas exactement le message de ce jour : "Si vous n’avez pas été dignes de confiance avec l’argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ?" (Luc 16,11)
Il parle ici à ceux qui font usage de l’argent, et il leur demande d’être dignes de confiance avec cet argent trompeur ou corrupteur.
Être digne de confiance, c’est être capable d’en faire usage, sans se laisser corrompre. Il ne s’agit pas seulement de la corruption illégale dont la presse nous parle tous les matins : pots de vin et abus de pouvoir. On peut se laisser corrompre en toute légalité, par l’argent dont nous sommes les propriétaires légitimes.
Ce qui nous est demandé dans cet Évangile, c’est de rester vigilants ! On se croit propriétaire, mais c’est l’argent qui devient le maître, et nous qui sommes des esclaves.
"Faites-vous des amis avec l’argent trompeur, afin qu’ils vous accueillent dans les demeures éternelles." (Luc 16,9)
Ce n’est pas un message adressé à des moines, mais précisément à nous qui sommes dans le monde et devons gérer les problèmes d’argent.
Et bien gérer, c’est partager ! C’est le sens de la parabole imaginée ici par Jésus : "Faites-vous des amis."
Il faut beaucoup d’imagination et d'astuce pour bien gérer les questions d’argent, et le gérant qui nous donné en exemple est plein d’idées.
Le message, c’est que la suprême astuce dans la gestion de l’argent, c’est le partage !
Ce n’est pas tout à fait par hasard que le personnage de la parabole est un gérant et non pas un propriétaire. Le seul propriétaire, dans cette histoire, c’est Dieu !
Cela veut dire que des croyants ne peuvent jamais totalement se comporter comme des propriétaires : comme des gens qui ont tous les droits… mais comme des gérants : des gens qui devront rendre compte de leur gestion.
Les richesses sont qualifiées de "biens étrangers". Non pas que le droit de propriété soit une mauvaise chose au niveau des lois civiles. Le respect de la propriété privée est certainement une condition de la paix sociale.
Quelqu’un a dit : "La propriété c’est le vol", mais ce n’est pas une parole d'Évangile. Il est bon que la société reconnaisse le droit de propriété… et pourtant, nous, les disciples du Christ, ne devons pas croire que nous avons le droit de faire n’importe quoi avec ce qui nous appartient.
Dans cette parabole, le gérant a été très habile : comme beaucoup d’escrocs, c’est une sorte de génie.
Il y a, d’un côté, les "fils de ce monde" qui sont trop habiles, et de l’autre, les "fils de lumière" qui se laissent vivre et manquent d’imagination !
Pourquoi les escrocs de ce monde sont-ils si inventifs… et les disciples du Christ si tièdes ?
Ce que nous demande cet Évangile, c’est de faire un usage constant de notre imagination pour bien gérer les problèmes matériels… et bien les gérer, c’est d’abord les relativiser.
Il nous est demandé aussi une inventivité constante pour donner la priorité à l’amour… la priorité aux personnes… la priorité à Dieu… pour progresser dans la sainteté… pour être des apôtres et pour annoncer l’Évangile.
Publié le 2010-09-19