Quand Jésus nous dit : "Celui qui refuse de porter sa croix et de marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple" (Luc 14,27),veut-il dire qu’il faut souffrir pour être son disciple ?
Oui, mais en ce sens qu’on doit être prêt, comme lui, à aimer jusqu’au sacrifice de soi.
Rien ne permet de dire qu’il faut souffrir pour faire plaisir à Dieu !
On ne voit pas, dans l’Evangile, Jésus se faire mal pour se faire mal !
Saint Paul écrit : "Même si je livrais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, cela ne vaut rien." (I.Cor. 13,3) Donc, le plus grand sacrifice, sans amour, n’est rien ! C’est la Parole de Dieu !
Quels sont donc les "efforts de carême" ou les "sacrifices" qui ont du sens ?
S’interdire toute forme de fraude : en ce temps de déclaration fiscale, c’est un effort qui a du sens !
S’interdire toute parole qui peut blesser, faire du tort, faire de la peine, scandaliser et faire obstacle à la foi ou au progrès spirituel de l’un de nos frères. Et il est vrai que "retenir une parole" peut être un grand effort !
En ce qui concerne la télévision : quand on additionne toutes les émissions qui sont des incitations à la violence, ou à l’impureté, ou qui sont totalement nulles, il ne reste pas grand chose !
Si vous voulez faire des efforts de Carême, vous n’avez que l’embarras du choix : privez-vous de télé, coupez une émission qui vous fait du mal, voilà un sacrifice qui a du sens !
Si vous cherchez une idée d’effort de Carême directement liée à l’amour de Dieu, prenez chaque jour une demi-heure pour la prière ou pour la Messe quotidienne.
Et si vous cherchez d’autres idées, lisez le sermon sur la montagne (Mt. 5-7) ou la Parabole du jugement dernier (Mt. 25) ou le Ch. 13, sur la charité, de la première lettre aux corinthiens.
Là vous découvrirez la différence entre une vie chrétienne vécue tant bien que mal, avec tous les degrés de la tiédeur, et ce qu’on peut appeler la conversion du cœur, c’est à dire un vrai désir de donner la priorité à l’amour,de sacrifier ce qui peut être un obstacle à l’amour.
Et avec une telle conversion du cœur, on reçoit de Dieu, non seulement le pardon, mais aussi l’indulgence de ses péchés.
On se demande parfois ce que l’indulgence peut ajouter au pardon !
Celui qui demande le Sacrement de Réconciliation reçoit normalement le pardon de ses péchés, ce qui suppose, au moins, la volonté de ne pas refaire les mêmes péchés… mais, nous le savons, cela ne comporte pas toujours une conversion profonde, ni une charité fervente.
L’indulgence c’est la grâce par laquelle Dieu, non seulement nous pardonne, mais nous purifie totalement du péché,de sorte que rien ne fasse plus obstacle à la vie bienheureuse à laquelle il nous destine.
Une telle indulgence ou une telle purification est une grâce de Dieu : un don surnaturel.
C’est une grâce qui suppose une attente, un désir, une docilité à l’Esprit Saint… une grâce qu’on qualifie également de "contrition parfaite" : une contrition transfigurée par l’amour.
Il va de soi qu’il n’y a pas d’indulgence sans cette conversion du cœur et cette ferveur de charité.
Seule la charité efface totalement les péchés. (Ière Lettre de Pierre, 4,8)
A l’occasion de cette année de l’Eucharistie, l’Eglise nous invite à recevoir cette indulgence… en recevant les Sacrements tels qu’ils doivent être reçus : avec une charité fervente.
Ce qui nous est demandé, c’est de recevoir le Sacrement du Pardon, de l’Eucharistie,et de faire une démarche de vraie conversion du cœur qu’on pourra matérialiser dans un effort qui change vraiment notre vie.
Il arrive qu’on ajoute à cela une autre démarche, telle qu’un pèlerinage.
Pourquoi pas ! Mais à condition de ne pas croire qu’un pèlerinage nous dispense de la conversion du cœur.
En fait, un pèlerinage n’est pas une condition de l’indulgence. Celui qui recevrait ces deux Sacrements et ferait le pèlerinage sans véritable conversion n’a aucune chance de recevoir l’indulgence de ses péchés !
Par contre, celui qui reçoit ces deux Sacrements dans une vraie démarche de conversion et de charité fervente, l’Eglise lui offre cette indulgence… et cela, avec ou sans pèlerinage.
Publié le 2005-03-13