"Ils sont fils de Dieu, étant héritiers de la résurrection." Luc 20,36

32ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

La première lecture raconte la persécution d’Antiochus Épiphane contre les Juifs religieux au IIe siècle avant Jésus Christ. Antiochus avait décidé l’hellénisation forcée de la Palestine : en 168, il pille Jérusalem et installe une statue du dieu Baal dans le temple ; l’année suivante il interdit la circoncision. Cela provoque une révolte juive, dirigée par les frères Maccabée (un nom qui veut dire "marteau" en hébreu) qui aboutit à l’indépendance de la Palestine.

La persécution d’Antiochus a fait de nombreux martyrs en Israël, ce qui a été, pour eux, l’occasion d’exprimer leur foi en la résurrection.
Dans le récit que nous venons de lire, un jeune homme répond à Antiochus : "Puisque nous mourons par fidélité à ses Lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle."
C’est la première fois, dans l’Ancien Testament, que l’on voit apparaître l’idée d’une rétribution éternelle : d’une destinée différente pour ceux qui font le bien et ceux qui font le mal. Dans l’Ancien Testament, il y a un progrès de la révélation, qui ne s’achèvera qu’avec le message de l’Évangile. Ici, on voit apparaître la foi dans la résurrection, et dans la vie éternelle promise à ceux qui sont fidèles à la Loi de Dieu.
On retrouve cela dans l’Évangile : celui qui est fidèle à la Parole du Christ est déjà entré dans la vie éternelle : "En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole … a la vie éternelle … il est déjà passé de la mort à la vie." (Jn 5,24)

Si vous prenez le livre de la Sagesse, autour de l’an 50 avant Jésus, vous trouverez également un message très proche de l’Évangile :
"Les âmes des justes sont dans la main de Dieu … nul tourment ne les atteindra plus … et le Seigneur sera leur roi pour toujours … Ceux qui restent fermes dans l’amour demeureront auprès de lui." (Sag. 3,1-9)
La vie éternelle consiste à demeurer auprès de Dieu. Et les justes sont ceux qui "restent fermes dans l’amour".
On atteint-là un des sommets de la révélation. Jésus dira que l’amour résume la Loi et les prophètes : l’essentiel de la Parole de Dieu.
Paul dit aussi que "l’amour ne passe jamais" (I. Cor. 13,8) : celui qui aime est déjà entré dans la vie éternelle, parce que la vie éternelle est une communion d’amour avec les personnes divines.

On peut noter que cette vie en Dieu ne nous coupe pas de nos frères et sœurs dans le Christ. Avec la fête de tous les saints, on a parlé de la communion des saints : la multitude des hommes, connus ou inconnus, qui sont en communion avec le Christ, et qui, de ce fait, sont en communion les uns avec les autres.

L’Évangile qu’on vient de lire pourrait donner l’impression que l’amour des époux n’aura plus sa place dans la vie éternelle. Mais Jésus ne dit pas cela. Il dit : "Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts, ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection." (Lc 20,35-36)
Il veut dire que la dimension charnelle de l’amour n’existera plus, mais il ne dit pas que l’amour mutuel des époux n’existera plus ; il aura une dimension tout autre.
Les élus connaîtront la plénitude de la vie de fils de Dieu. Ils vivront pleinement de cette vie qui est une communion avec le Christ.
"Mes bien-aimés, dès à présent nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : lorsque [le Fils de Dieu] paraîtra, nous lui serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est." (I Jn 3,2) Voilà le projet de Dieu pour les hommes.

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