On découvre, dans ces paroles de Jésus, la différence entre l’Ancien et le Nouveau Testament relativement à la fin des temps : "Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin."
On voit, dans la première lecture (Malachie 3,19-20), que les Juifs attendaient "le jour du Seigneur". Ce jour-là devait être la fin des temps et la destruction de tous les pécheurs. Ceux qui font le mal seront brûlés comme de la paille, écrit Malachie : "le jour qui vient les consumera", ils seront anéantis.
C’est ainsi que l’on se représentait l’avènement du "règne de Dieu" : la manifestation du Dieu tout puissant en personne… une manifestation qui serait un cataclysme, et un avènement qui ne pouvait être que la fin du monde. Jésus reprend ce langage apocalyptique en des termes qui annoncent également un désastre universel. Cependant, son message n’est plus celui de l’Ancien Testament. Il ajoute : "mais ce ne sera pas tout de suite la fin."
Jésus distingue deux étapes dans le "règne de Dieu" : deux étapes dans ce qu’il appelle, lui aussi "la fin des temps".
Avec la naissance parmi nous du Fils unique de Dieu, avec sa mission dans le monde et sa mort pour notre salut, nous sommes déjà entrés dans la fin des temps… mais ce n’est pas encore la fin du monde.
L’Ancien Testament voyait la venue du règne de Dieu comme un ouragan qui balayerait les pécheurs (Sag. 5,23).
Jésus enseigne que le "règne de Dieu" est arrivé : il est là… et pourtant il n’est pas arrivé comme un cataclysme : Dieu est entré dans l’histoire discrètement, et son règne grandit sans faire de bruit ! L’avènement du Fils de Dieu, sa présence parmi les hommes, c’est déjà le "règne de Dieu". Ce qui laisse entendre que lui, Jésus de Nazareth, est Dieu !
Dans les "paraboles du Royaume", il nous révèle que ce règne de Dieu n’est pas encore la fin de l’histoire.
La moisson était une image de la fin du monde (Mt 13,39). On voyait le règne de Dieu dans la moisson finale, celle qui séparerait le bon grain et mettrait le feu à l’ivraie. Jésus répond que le "règne de Dieu" comporte des étapes : le péché n’est pas encore détruit, le bon grain est encore encore mélangé à l’ivraie, mais c’est déjà le "règne de Dieu" (Mt 13, 24). Avec la présence de Jésus, le "règne de Dieu" est déjà là, comme une graine qui se développe sans bruit (Mt 13,31)… comme une pâte qui lève lentement (Mt 13,33).
Ce message nouveau était étonnant pour les Juifs, et peut-être aussi pour nous. Nous acceptons difficilement que le mal cohabite avec le règne de Dieu et que les justes soient persécutés. On sait que le XXe siècle a connu autant de martyrs de la foi que tout le reste de l’histoire de l’Église, et qu’actuellement encore des millions de chrétiens dans le monde connaissent la persécution. C’est l’étape actuelle de l’histoire du salut. "Ne soyez pas effrayés, dit Jésus. Il faut que tout cela arrive, mais ce ne sera pas tout de suite la fin." Ce monde est appelé à disparaître, ce qui n’est pas si grave, mais avant cela, la mal proliférera.
Même si nous ne connaissons pas une persécution sanglante, il nous faut persévérer au milieu des épreuves et des difficultés. Jésus a connu l’épreuve, et un disciple n’est pas plus grand que son Maître. Il nous invite à persévérer dans la plus grande la sérénité : "C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie." (Luc 21,19)
Publié le 2010-11-14