Au jour du Baptême de Jésus, la voix du Père dit : "Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé qui a toute ma bienveillance" (Mt 3,17)
On reconnaît, dans cette phrase, deux passages de la Bible. Le premier disait : "Tu es mon fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré."
C’était une parole adressée au roi David dans le Psaume 2,7, qui était un Psaume d’intronisation. Quand un nouveau roi recevait l’onction, on considérait qu’il devenait fils de Dieu, et on chantait ce psaume.
Le Baptême de Jésus est le premier acte de sa vie publique : c’est le jour où il est reconnu comme le Messie par Jean Baptiste.
Mais Jésus n’a pas été intronisé dans un palais à Jérusalem, et il n’y avait personne pour lui chanter le Psaume 2.
C’est la voix du Père qui lui dit : "Tu es mon Fils." Et cette parole a une portée qu’elle n’avait jamais eue avec les rois-messies du peuple d’Israël : Jésus est Fils de Dieu d’une façon radicalement nouvelle.
Jean Baptiste n’a sans doute pas tout compris, mais il a pu comprendre que Jésus est le Messie attendu : le descendant de David.
La suite de cette phrase est un autre passage de la Bible : "Tu es mon bien-aimé qui a toute ma bienveillance." C’est une parole du prophète Isaïe : un texte concernant celui qu’il appelle le Serviteur de Yahvé.
C’est le passage qu’on vient de lire : "Ainsi parle le Seigneur : Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma bienveillance." (Is. 42,1)
Et ce passage dit aussi : "J’ai fait reposer sur lui mon Esprit." (Is. 42,1) Et, dans cet Évangile, on voit que l’Esprit repose sur Jésus.
Selon le livre d’Isaïe, le Serviteur de Yahvé est un personnage totalement innocent et sans péché, qui est humilié et qui donne sa vie pour que les péchés des hommes soient pardonnés : pas seulement les péchés des fils d’Israël, mais des hommes de toutes les nations païennes.
Jean Baptiste comprend que Jésus n’est pas un Messie qui vient prendre le pouvoir, mais un Messie à l’image de ce Serviteur de Yahvé, qui n’a pas seulement pour mission de nous dire les intentions de Dieu, mais de nous donner actuellement son pardon.
Isaïe disait que le Serviteur de Yahvé était comme un "agneau conduit à l’abattoir." (Is. 53,7). Jean Baptiste comprend que Jésus est "l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde." (Jn 1,29). Il ne donne pas le pardon comme un roi qui donnerait des ordres, mais en donnant sa propre vie pour toucher nos cœurs.
Parce que tout le problème du pardon, c’est qu’il ne suffit pas de le donner, il doit aussi être reçu. Et recevoir le pardon, ce n’est pas si simple : c’est une immense libération, mais elle passe par un dépouillement de soi… et c’est, en même temps, un acte d’amour.
En étant l’agneau de Dieu : celui qui donne sa vie pour nous, il nous invite à accueillir le salut… il nous supplie de ne pas nous laisser enfermer dans le péché.
Il arrive qu’on se débatte avec le péché. On se sent malheureux, et, en même temps, on ne veut pas le reconnaître, et on se dit : "Ce n’est pas si grave… on ne va pas en faire une histoire !"
Le Seigneur nous répond : "Je ne veux pas en faire un histoire, je veux te pardonner, alors laisse-toi approcher, et laisse-toi pardonner."
Il nous invite à nous en remettre à lui. Le péché, il connaît cela. Quand un pécheur vient à lui, il n’est jamais surpris… il pardonne.
Publié le 2011-01-09