Cet Évangile de saint Matthieu, qui s’adresse à des Juifs devenus chrétiens, présente Jésus comme le Nouveau Moïse.
Moïse était le grand prophète, celui qui avait donné au peuple d’Israël la parole de Dieu par excellence : les Commandements.
On considérait que personne n’avait été inspiré comme Moïse.
De Jésus, Matthieu dit que "son visage était illuminé" … en lisant cela, tout les Juifs pensaient : "comme le visage de Moïse quand il revenait de la Montagne de Dieu." (Ex. 34,29-30) Mais il y a peut être plus !
Comme Moïse, Jésus monte sur une "haute montagne", et il apparaît dans la gloire avec Moïse et Élie. Moïse est donc là, mais Jésus est le personnage central : lui seul se manifeste dans sa gloire divine… le Nouveau Moïse est beaucoup plus grand que le premier.
Quant à Élie, il est le seul dans toute l’histoire d’Israël à être retourné sur la montagne où Dieu avait parlé à Moïse !
Matthieu dit aussi qu’une "nuée lumineuse recouvre de son ombre" Jésus et les disciples… D’où vient cette formule étrange ?
Dans la traduction grecque du livre de l’Exode (40,35), il est dit qu’une nuée "prenait sous son ombre" la Tente qui contenait l’Arche d’Alliance et que, dans ces moments, Moïse lui-même ne pouvait plus entrer dans la Tente.
L’Arche était le lieu de la présence de Dieu… mais ici, c’est Jésus lui-même que la nuée lumineuse "prend sous son ombre", avec ses disciples : ce n’est plus dans l’Arche que Dieu est présent !
Ici, Dieu n’apparaît pas à Jésus comme il était apparu à Moïse sur la montagne. Il y a une "voix" de Dieu, mais s’il y a une "apparition", c’est celle de Jésus lui-même, qui apparaît aux Apôtres dans sa gloire divine !
Il y a, dans le Deutéronome (18,15), une parole de Dieu relative à Moïse. Dieu dit : "C’est lui que vous écouterez"… parole que tous les fils d’Israël connaissaient et observaient.
On retrouve ici la même parole de Dieu relative à Jésus : "Celui-ci est mon Fils … écoutez-le !" Dieu n’entre plus, comme avec Moïse, dans le détail des Commandements. Il dit simplement : "Écoutez-le." Lui, il sait : il est "le Fils".
Pourquoi lire cet Évangile au début du Carême ?
Parce qu’il fait partie de la préparation à la Passion : c’est le premier épisode de la marche de Jésus vers Jérusalem et vers son sacrifice.
Jésus montre sa gloire au moment où il annonce sa Passion… ce que les disciples ne veulent pas comprendre.
Dieu vient de leur dire : "Écoutez-le", et la première chose qu’ils vont faire : ils vont refuser d’entendre l’annonce par Jésus de ses souffrances, de son humiliation et de sa mort.
Nous qui avons parfois du mal à entendre l’Évangile, nous voyons ici que nous sommes en bonne compagnie : avec Pierre, Jacques et Jean !
Saint Paul à Timothée : "Prends ta part de souffrances pour l’annonce de l’Évangile." (II Tim. 1,8)
L’annonce de l’Évangile comporte une part de souffrances : c’est un aspect du message que l’on n’aime pas trop !
Mais on ne peut pas se contenter d’annoncer l’Évangile quand il est bien reçu : il faut l’annoncer "à temps et à contre-temps" (II Tim. 4,2), sinon, il est impossible d’être vraiment des témoins.
Jésus, lui, sera le témoin de la Parole de Dieu jusqu’au don de soi.
"Celui qui veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix" (Mt 8,34). Être disciple, c’est être prêt à rester fidèle, et à ne rien passer sous silence de l’Évangile, quel que soit le prix à payer.
Publié le 2011-03-20