"Moi, je suis la résurrection et la vie." Jn 11,25

5ème dimanche de Carême de l'année A

La distance de Béthanie à Jérusalem, c’est à peu près la distance de Viroflay à Versailles.

A l’époque de Jésus, cette région est sous le contrôle des notables de Jérusalem ; et en cette période qui est probablement la troisième année de sa vie publique, ces notables avaient cessé de s’interroger sur la personne de Jésus : tous étaient d’accord pour le mettre à mort.
Quand on lui annonce la maladie de Lazare, Jésus est en dehors du territoire de la Judée : il est hors d’atteinte de ceux qui en veulent à sa vie.
Aller à Béthanie, c’est un geste d’amour : c’est aller rendre la vie à son ami Lazare, et la joie à Marthe et Marie… mais c’est aussi entrer dans l’engrenage qui va le conduire sur la croix, ce qui sera le geste d’amour par excellence du Fils de Dieu envers tous les hommes.

Les disciples n’ont pas compris tout cela, mais ils sont bien conscients du danger, et ils mettent Jésus en garde : "Maître, tout récemment, les Juifs cherchaient à te lapider et tu retournes là-bas !"
Il leur répond d’une façon énigmatique : "Ne fait-il pas jour pendant douze heures ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière … mais celui qui marche pendant la nuit trébuche." (Jn 11,9-10)

Il faut savoir que douze heures, c’était une journée de travail normale (cette histoire se passe longtemps avant les 35 heures)… douze heures, c’était aussi une journée de marche : on travaillait ou on marchait tant qu’il faisait jour.
Cette journée de douze heures représente ici le temps que Jésus s’est fixé pour réaliser sa mission. Cette mission terrestre, Jésus va l’accomplir jusqu’au bout : il marchera dans la lumière, sans trébucher, jusqu’à son terme qui est le sacrifice de soi.

Mais avant cette dernière étape, on voit qu’il prend aussi un temps de réflexion : un temps de prise de conscience et d’acceptation totale de sa destinée.
Jésus n’hésite pas… mais, en même temps, il est un homme : le Fils de Dieu s’est vraiment fait homme… et cet homme connaît la peur : il a besoin de se préparer à un tel moment.
Même pour le Fils de Dieu, donner sa vie n’est pas une banalité !

Là, pendant quelques jours, avec ses disciples, loin de l’agitation et de l’hostilité de Jérusalem, il se prépare intérieurement.
Si Jésus avait besoin, dans un tel moment, d’une sorte de retraite, il faut supposer qu’à nous aussi, cela peut faire du bien.
C’est un peu ce que l’Église nous propose avec la semaine sainte et les liturgies du Jeudi Saint, du Vendredi Saint et de la Veillée pascale.

Il y a enfin la foi de Marthe et de Marie.
Marthe est très active, à son habitude, et elle va au devant de Jésus. Marie attend… mais toutes deux disent à Jésus la même phrase : "Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort." (Jn 11,21 et 11,32) Elles ont la même foi en Jésus.
Mais ce qu’il leur demande c’est un acte de foi qui va plus loin que la résurrection de Lazare !
La résurrection de Lazare sera un signe qui les aidera à croire.
Ici, Jésus demande à Marthe d’aller plus loi dans la foi :
"Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. Et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?" (Jn 11,25-26)
Celui qui a une foi de ce calibre n’a plus peur de rien : il peut donner sa vie pour l’Évangile… comme les premiers disciples, il peut marcher à la suite de Jésus jusqu’au bout du chemin.

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