Pour inviter les Philippiens à se faire serviteurs à l’exemple de Jésus, Paul cite une hymne liturgique (2,6-11), qui semble avoir existé avant sa lettre, dès les premiers jours de l’Église. Ce chant liturgique montre que les premiers chrétiens voyaient en Jésus une personne divine… il voyaient aussi, dans la simplicité de sa vie et dans son humiliation les signes les plus forts de la tendresse de Dieu pour les hommes.
"Jésus Christ, qui était de condition divine, ne s’est pas battu pour être l’égal de Dieu, mais il s’anéantit, prenant la condition de serviteur.
Jésus a révélé de bien des façons à ses disciples qu’il était de condition divine, cependant, cette révélation n’était pas faite à son avantage, mais à notre avantage… il ne voulait pas mettre en avant un privilège personnel, mais le don immense qu’il faisait aux hommes. Jésus de Nazareth, lui, le rabbi galiléen, a fait comprendre à ses disciples qu’il était "l’égal de Dieu", mais ce n’était en rien une revendication… dans la logique de cette révélation, il s’anéantit : il se vida de sa grandeur divine, prenant la condition de serviteur.
Il avait dit : "Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude." (Mt. 20, 28) En disant cela, il s’identifiait au "Serviteur de Yahvé" du livre d’Isaïe. Les Juifs attendaient un Messie qui prenne le pouvoir. Jésus leur fait comprendre qu’il est un Messie divin… mais que sa mission est semblable à celle du "Serviteur" d’Isaïe :
"Il était méprisé, abandonné de tous … et nous l’avons méprisé, compté pour rien. Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait … Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’était à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris." (Is. 53,3-12)
C’est sans doute le texte que Jésus a cité aux deux disciples d’Emmaüs qui avaient perdu la foi en le voyant mourir sur la croix. Aucun passage de l’Ancien Testament ne pouvait mieux faire comprendre le sens de sa mission et de son sacrifice.
"Étant devenu semblable aux hommes", écrit saint Paul (ce qui laisse entendre qu’il existait avant de se faire homme)… "il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix."
Ce qui fait, de nouveau, allusion au "Serviteur" d’Isaïe, qui "s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort." (Is. 53,12)
Après cette première strophe, qui dit l’abaissement extrême du Fils de Dieu, la deuxième strophe dit la gloire de sa résurrection : "C’est pourquoi Dieu l’a surexalté, et lui a conféré le Nom qui est au dessus de tout nom", c’est-à-dire, le nom de "Seigneur", qui est un titre divin. Il est exalté comme le "Serviteur" qui, après son humiliation, "s’élèvera et sera surexalté." (Is. 52,13)
"Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, dans les cieux, sur la terre et sous la terre …" Ce qui fait allusion à une parole de Dieu, dans le livre d’Isaïe (45,23) : "Devant moi tout genou fléchira et toute langue prêtera serment."
En disant que tout genou fléchit devant Jésus comme devant Yahvé, saint Paul nous fait comprendre qu’il doit être adoré comme Dieu.
"Et que toute langue confesse que le Seigneur,c’est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père."
Dire que Jésus est "le Seigneur", c’est lui donner un titre divin… c’est une "confession" ou une profession de foi que seul l’Esprit Saint peut inspirer : "Si dans ta bouche tu confesses que Jésus est Seigneur … tu seras sauvé." (Rom. 10,9) – "Nul ne peut dire : "Jésus est Seigneur" si ce n’est par l’Esprit Saint." (I Cor. 12,3)
Cette hymne, qui exprime la foi des premiers chrétiens, est aussi une invitation à l’imitation de Jésus Christ, en se faisant serviteur comme lui. Il n’y a pas de meilleure façon d’évangéliser que de se faire serviteur.
Publié le 2011-09-25