Le personnage principal de la Parabole du jugement (Mt 25,31-46) est le Christ dans sa Toute-puissance divine. Il est représenté à la fois comme un berger, comme un roi, et comme un juge qui récompense ou qui condamne. Comme dans toute Parabole, c'est une façon imagée de dire les choses.
Il y a d’autres images : ceux qui ont la vie éternelle, on dit qu’ils héritent d’un "royaume", et les autres sont envoyés dans un "feu éternel". Ce sont évidemment des images : la vie éternelle n’est pas un royaume, c’est plutôt une communion, avec tous les élus, à la vie des Personnes divines… et la damnation n’est pas réellement un feu, c’est plutôt un refus de Dieu et une inaptitude éternelle à aimer !
Si les Paraboles sont des récits imagés, c’est pour illustrer un message.
Celle-ci nous fait comprendre que le Christ est le Juge et le Roi de l’univers, et c’est vrai, puisqu’il est Dieu ! Mais cela signifie aussi qu’il juge à la façon de Dieu, et non pas comme un juge de ce monde qui ignore les vraies intentions des hommes, et qui punit des gens qui voudraient être pardonnés.
Le jugement de Dieu ne comporte aucune part d’injustice ou d’arbitraire : il est la conséquence exacte des choix quotidiens de toute une existence.
On voit bien dans cette Parabole que tout acte d’amour conduit à la vie éternelle, et que tout refus d’aimer fait obstacle à cette vie. Ce n’est pas Dieu qui exclut, c’est l’homme qui se détruit.
Notre vie étant un mélange d’actes d’amour et de refus d’aimer, nous avons cependant deux possibilités. Dire : "Seigneur pardonne-moi", et Dieu aime pardonner. L’autre possibilité est l’endurcissement dans le péché de celui qui estime qu’il n’a pas à demander pardon.
Cet Évangile nous fait comprendre que Dieu respecte totalement de tels choix, de sorte que le refus d’aimer associé au refus du pardon peut devenir un endurcissement éternel.
Cette Parabole nous révèle aussi la dimension éternelle du plus petit acte d’amour; elle montre parfaitement le genre d’amour qui nous est demandé : amour de ceux qui ont le plus besoin d’être aimés, de ceux et celles dont le bonheur dépend de notre amour.
Dans les maisons de retraite, il y a des personnes âgées qui n’ont plus beaucoup de famille… il y a aussi des gens qui les visitent… ces personnes âgées attendent leur visite chaque semaine, et cela devient un peu leur raison de vivre. On est tenté de répondre : "Oui, je comprends, mais je n’ai pas le temps."
Si on devait réécrire cette Parabole dans le langage actuel, au lieu de faire dire au personnage : "Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?"… il y aurait une formule beaucoup plus courte ; il suffirait de dire : "Mais Seigneur, tu sais bien que je n’avais pas le temps."
Donner de soi, c’est donner de son argent, mais c’est, plus encore, donner de son temps. Certains des exemples donnés par cet Évangile supposent un partage des richesses, mais tous ces exemples supposent aussi un partage de son temps : notre richesse peut-être la plus précieuse.
Plus notre amour est gratuit, plus il est offert à des gens que rien ne nous oblige à aimer : prisonniers, étrangers, malades… des gens qu’il nous serait facile d’éviter et de ne pas aimer, des gens qui sont en situation de dépendance… plus cet amour est transcendant.
Là où l’on croit s’abaisser, notre amour va tout droit vers le Christ !
Publié le 2011-11-20