La ville de Corinthe était un lieu de pèlerinage à Aphrodite, la déesse de l’amour. Plusieurs milliers de prostituées sacrées assistaient les pèlerins pour des dévotions assez particulières et très onéreuses.
Quand saint Paul est arrivé à Corinthe, il n’a pas été surpris : il connaissait la réputation de la ville, et il s’attendait au pire.
Il voit bien que le mot "amour" peut avoir les significations les plus opposées ; c’est pourquoi il écrit alors son hymne à la charité : "l’amour vrai est patient, il ne s’emporte pas, il rend service, il est désintéressé, il excuse tout." (I Cor. 13,4-7)
Les Corinthiens n’ont pas le sens de la mesure, et Paul rencontre des positions extrêmes. D’un côté, l’extrême rigorisme de ceux qui considèrent le mariage comme suspect et s’interdisent même les relations conjugales. Il leur répond : "Ne vous refusez pas l’un à l’autre, si ce n’est d’un commun accord, et seulement pour un temps limité." (I Cor. 7,5)
Les époux ne s’appartiennent plus totalement : ils ne peuvent pas se refuser l’un à l’autre. Dans le mariage il y a une appartenance réciproque.
À l’opposé Paul rencontre des chrétiens qui se croient libérés : ce qui est plus grave. Il leur fait comprendre qu’ils ne sont pas libres, mais esclaves du péché. C’est pour eux qu’il écrit : "Notre corps n’est pas fait pour l’impureté, il est pour le Seigneur Jésus." (I Cor. 6,13)
En disant cela il pense, entre autres, à l’homosexualité qui était relativement fréquente dans le monde romain. Saint Paul n’a de haine pour personne, mais son devoir de serviteur de l’Évangile l’oblige à mettre en garde les croyants, et en particulier les jeunes. S’il ne leur dit pas ce qui est bien ou mal : ce qui est contre nature, qui le fera ?
S’il ne l’avait pas fait, il aurait été un faux prophète, refusant son assistance à des personnes en danger.
"Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps, dit-il, mais l’impureté est un péché contre le corps lui-même." (I Cor. 6,18)
Paul veut parler également de toutes les relations autres que les relations entre époux légitimes. Un certain nombre de chrétiens à Corinthe, comme parmi nos contemporains, n’étaient pas très sûrs que cela constitue une faute grave.
L’ambiance à Corinthe poussait au laxisme, tout comme aujourd’hui le matraquage continuel des médias (radio, télé, internet), de sorte que les jeunes et les moins jeunes se posaient des questions.
"Votre corps, leur dit-il, est le temple de l’Esprit Saint." (I Cor. 6,19)
Sans la maîtrise de soi, il n’y a pas d’amour ni de bonheur véritable.
Celui qui est esclave de son corps devient inapte à tout amour de Dieu : cet esclavage accapare son esprit, et il est évident que la prière et la rencontre du Christ sont le dernier de ses soucis.
Il se rend de plus en plus inapte à aimer tout simplement.
Des conversions restent possibles, sous des formes diverses. Tel ou tel qui jurait qu’il ne se marierait jamais, peut faire l’expérience d’un grand amour, et découvrir que cet amour exige une vraie fidélité.
L’Évangile suppose une telle conversion : "l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un." (Mt 19,5). Et il va plus loin encore : il propose un amour de la pureté qui fait de nous des êtres libres, capables de donner à Dieu la première place : "Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu." (Mt 5,8)
Bien des hommes et des femmes, fidèles à leur mariage, ont fait l’expérience d’un amour qui devient de plus en plus fort et de plus en plus profond au cours des années, et d’un bonheur dont n’auront jamais idée ceux que saint Paul appelle les "impurs".
"Bienheureux ceux qui ont faim et soif de droiture, de fidélité et de sainteté, ils seront rassasiés."
Publié le 2012-01-15