Depuis deux mois, nous essayons d’être fidèles à l’adoration continue, et c’est une grande joie de voir que, presque à toute heure, l’un de nous veille aux pieds du Seigneur.
À l’origine de ce projet, il y a la règle de vie des Cellules paroissiales d’évangélisation qui comporte l’engagement de prendre une heure d’adoration chaque semaine. S’il est vrai qu’évangéliser, c’est amener des hommes et des femmes à faire la rencontre du Christ, une telle mission ne peut se fonder que sur l’intimité avec lui.
Ce temps de prière est proposé à toute la Paroisse, pour que la personne du Christ soit au centre de la vie de notre communauté, lui qui appelle tous les confirmés à être missionnaires.
Le premier jour de son arrivée à Capharnaüm, Jésus appelle ses Apôtres en leur disant : "Venez à ma suite, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes." (Marc 1,17)
Le lendemain matin, il a disparu : il s’est retiré seul dans la nuit pour prier. Quand les disciples le retrouvent, il leur dit : "il faut que je proclame la Bonne Nouvelle … c’est pour cela que je suis sorti." (Marc 1,38)
Pourquoi donne-t-il cette explication ? Les disciples ne comprennent pas pourquoi Jésus dit qu’il est sorti ; ils le connaissent à peine; c’est la première nuit qu’il passe à Capharnaüm, dans la maison de Pierre, et dès le matin, il a déjà disparu. On ne sait même pas à quelle heure de la nuit il est sorti. Les disciples battent la campagne, et dans les collines qui surplombent Capharnaüm, ils le retrouvent. Et que fait-il ? Il prie !
Pierre est tout juste de bonne humeur; il lui dit : "Tout le monde te cherche !" (Marc 1,37). Plus tard il comprendra que Jésus se lève au milieu de la nuit, et avant de partir en mission, il prie.
Et nous, nous voudrions être missionnaires, et nous dispenser de la prière ! Si, véritablement, nous avons le désir de transmettre notre foi, il faut commencer par la prière, ou l’adoration, parce que prier c’est aimer : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le grand, le premier commandement. Le second est aussi important : Tu aimeras ton prochain comme toi-même." (Mt 22,37-39). Il y a le premier… et il y a le second… c’est pourtant clair !
Il existe une attitude étrange et relativement fréquente. Sous prétexte que Jésus a dit : "Le second est aussi important", on en conclut que le premier ne sert à rien ! En fait, si on ne met pas le premier en premier, on ne parvient pas à aimer son prochain (et chaque prochain) d’un amour de charité : un amour qui soit un charisme, c’est à dire un don de l’Esprit.
L’adoration eucharistique n’est pas une fuite des problèmes ou des personnes. C’est, en vérité, dans l’adoration, que chacun peut se ressourcer pour aimer son frère avec la ferveur de l’Esprit, et pour être missionnaire.
Il y a d’autres façons de prier. Jésus a dit : "Toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte, et ton Père est là dans le secret." (Mt 6,6)
On peut, à tout moment de la journée, se laisser toucher par cette parole, et, sans attendre, ni le remettre à plus tard, prendre un instant de cœur à cœur avec Dieu.
Mais l’adoration eucharistique, qui a une dimension ecclésiale, est une bonne façon, pour chacun de nous et pour une Paroisse dans son ensemble, de mettre le Christ à la première place : c’est une bonne façon, pour une communauté, de redonner sa place à la prière et à la rencontre du Christ, et ainsi d’acheminer chacun vers une redécouverte de la prière personnelle, dans le secret. Et, à partir de là, ce qui doit suivre suivra : l’amour fraternel et le renouveau missionnaire.
Publié le 2012-02-05