"Je suis un Dieu jaloux" Exode 20,5

3ème dimanche de Carême de l'année B

Si on parcourt l’histoire de la philosophie ou l’histoire des religions, on découvre deux conceptions de Dieu assez différentes.
D’un côté, un Dieu transcendant : un Dieu qui est tout autre, infiniment au dessus de toutes les réalités de notre univers… et de l’autre côté, un Dieu "âme du monde" proche des réalités.

Dans les religions polythéistes ces deux composantes pouvaient se rencontrer, du fait qu’on plaçait quelquefois au sommet du panthéon un Dieu suprême, distant de l’univers et des hommes.
Mais en même temps, on croyait en d’autres dieux plus proches, et chaque homme religieux avait une dévotion particulière à tel ou tel dieu qui devenait son "dieu personnel".

En fait, la grandeur de Dieu ne s’oppose pas à sa proximité. Pour nous qui avons découvert Dieu dans l’Évangile, il va de soi que la réalité divine dépasse infiniment toute autre réalité, et en même temps qu’il est proche des êtres : il connaît chacun de nous, et aucun détail de notre vie ne lui est étranger.
Mais ces vérités qui nous sont familières sont le résultat d’un long progrès de la Révélation. La Révélation s’est achevée avec Jésus, mais avant lui, elle s’est développée d’une façon progressive pendant plus d’un millénaire.

Il faudra des siècles au Peuple d’Israël pour comprendre que Yahvé est, à la fois, unique et proche de chacun de nous.
Ils le comprendront vraiment en découvrant que Dieu est le Créateur : découverte qui remonte à l’époque d’Isaïe, huit siècles avant le Christ.
Yahvé, étant le créateur de l’univers, est à la fois Tout Puissant, éternel, infini, et en même temps, il est proche de toutes les créatures, puisque c’est lui qui les tient dans l’existence. Il les connaît au plus intime de leur être : puisqu’il les fait exister à tout instant.

On pourrait croire que Yahvé s’est d’abord manifesté comme unique et Tout Puissant, et qu’il a révélé ensuite combien il était proche de son Peuple. Mais c’est l’inverse qui est vrai.
Dans l’histoire d’Abraham, Dieu apparaît avant tout, comme son "Dieu personnel" : un Dieu proche qui avait choisi Abraham, qui l’avait appelé et ensuite accompagné tout au long de sa marche.

Même à l’époque de Moïse, Yahvé ne se révèle pas encore comme un Dieu unique. Il lui dit simplement : "Tu n’auras pas d’autres dieux que moi." (Exode 20,3)
Moïse, comme ses contemporains, croyait que chaque peuple avait son Dieu, mais il était interdit au peuple d’Israël d’adorer et de servir ces dieux étrangers. Yahvé se révèle comme un "Dieu jaloux" (Exode 20,5), c’est-à-dire comme un Dieu qui exige d’être servi à l’exclusion de tout autre.
Les Hébreux avaient l’obligation d’ignorer les autres dieux, et ce comportement des fils d’Israël, qui était un sujet d’étonnement pour les peuples païens, a constitué un premier progrès de la Révélation par rapport aux cultes polythéistes.

Ainsi, au cours de l’histoire, Yahvé s’est manifesté d’abord comme un Dieu proche, et seulement plus tard comme le Dieu unique et Tout Puissant.
Dieu est à la fois unique et proche de tout être. Ces deux points sont également vrais et révélés, mais le premier point étant acquis, l’Évangile insiste presque exclusivement sur la proximité de Dieu et sa tendresse pour les hommes… revenant ainsi à la révélation première faite à Abraham.

Le Dieu auquel nous croyons est un Dieu qui veut prendre place dans notre vie et demande à être aimé par dessus tout.
Il nous demande aussi de nous aimer entre nous : on vient de lire, dans le livre de l’Exode, la révélation des Commandements de Dieu à Moïse, et ces Commandements ne font que préciser les diverses dimensions de l’amour.
Prolongeant ce message, Jésus nous révèle un Dieu qui nous aime et veut que ses enfants s’aiment les uns les autres comme des frères.

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