Jésus aimerait que ses disciples ressemblent un peu plus aux escrocs et aux faussaires (Luc 16,1-8).Eux, au moins, ont de l’imagination… ils sont généralement sympathiques et ils font tout pour séduire leurs victimes… ils sont intelligents et imaginatifs : pour escroquer ses semblables, il faut avoir constamment des idées nouvelles… rien ne les rebute : ils ne se laissent pas décourager par des projets qui semblent irréalisables.
Apprenant l’astuce de son intendant, et la façon dont il l’avait escroqué, le maître de maison de maison est admiratif : "le maître fit son éloge car il s’était montré habile." (Luc 16,8).
Jésus ne donne pas en exemple son immoralité, mais son inventivité. Il précise bien que cet intendant n’est pas un "fils de la lumière", mais un "fils de ce monde" : un serviteur de celui que l’Evangile de Jean appelle "le prince de ce monde". (Jn 12,31)
Ce que Jésus regrette, c’est que les "fils de la lumière" se montrent aussi timorés au service de l’Evangile.
Ils évitent de faire le mal… dans l’ensemble, ils observent les commandements de Dieu… mais ils se contentent d’un service minimum !
Quand on leur demande de s’engager un peu plus au service du règne de Dieu, ils répondent que c’est impossible… que c’est incompatible avec leurs activités familiales ou professionnelles.
Un escroc à qui on propose de "faire un coup" ne dit jamais que c’est impossible… ou que cela va déranger sa petite tranquillité !
Il cherche, avec toute son imagination, les astuces qui lui permettront de tourner la loi et de s’enrichir à bon compte ! Il est prêt à tout pour de l’argent !
Jésus ne nous demande pas d’être des escrocs… il nous demande d’imiter leur inventivité sans bornes, et de la mettre au service de Dieu, de son Eglise et de nos frères.
Il nous dit : "soyez rusés comme des serpents et purs comme des colombes." (Mt 10,16) : il nous demande d’être à la fois sans péché et imaginatifs au service de l’Evangile.
Il veut que ses disciples se servent de leur intelligence… qu’ils mettent en oeuvre toute leur imagination pour concilier leurs activités professionnelles et leur vie familiale avec le service de Dieu et l’annonce de sa Bonne Nouvelle.
On s’inquiète, depuis longtemps, du recul de l’Eglise… mais l’Eglise, c’est nous… et elle ne peut progresser que si nos communautés deviennent davantage missionnaires. Et pour cela, il n’y a pas de solutions simples, qu’on pourrait appliquer sans sortir de notre train-train habituel !
Les solutions qui permettront de concilier la prière et le service de la mission avec nos obligations quotidiennes sont à réinventer chaque jour.
C’est en cela que les escrocs sont des modèles : chaque jour ils ont des idées nouvelles… ils ne sont pas des tièdes.
Publié le 2004-09-19