Le repas pascal n’était pas un repas ordinaire, mais un repas liturgique et sacrificiel : on mangeait un agneau offert en sacrifice. C’est ce qu’on appelait un repas de communion.
En Israël, quand on offrait à Dieu un animal en sacrifice, il y avait généralement un repas, qui était la "communion au sacrifice".
Ceux qui partageaient ce repas, ne considéraient pas Dieu comme un invité au repas, comme dans les religions de l’ancien Orient.
Cette victime avait été offerte à Dieu, et les fils d’Israël, en la mangeant, avaient le sentiment d’être les invités de Dieu, d’être en communion avec lui, et d’être aimés de lui.
La lettre aux Hébreux compare la mort de Jésus avec les sacrifices de l’Ancien Testament. Pourquoi cette comparaison ?
D’abord pour nous dire que son sacrifice est plus efficace que tous ceux de l’Ancien Testament. Ces sacrifices ne pouvaient pas pardonner les péchés ; le sacrifice de Jésus nous donne le pardon et la filiation divine.
Cette comparaison avec un sacrifice a une autre raison : c’est que Jésus a donné à son Église un sacrement qui est notre communion à son sacrifice.
Dans l’Eucharistie, comme dans les repas de communion de l’Ancien Testament, c’est nous qui sommes les invités de Dieu.
En nous donnant son corps et son sang, le Seigneur Jésus réalise une communion qui va bien au delà ce celles de l’Ancien Testament.
Le repas pascal était le souvenir ou le mémorial du jour où Dieu avait sauvé son peuple. Un peuple d’esclaves en Égypte était devenu le peuple de Dieu. Ce n’était pas si mal.
Mais le salut que le Christ nous donne est d’un tout autre ordre, et il est universel : il est pour tous les hommes. Nous qui sommes des être terrestres et limités, et spécialement limités dans la mesure où nous sommes esclaves du péché, il nous fait entrer dans la vie des trois personnes divines. On fêtait, dimanche dernier, la Trinité, qui est aussi la fête de notre entrée dans la vie trinitaire.
L’Évangile de saint Marc, dès la première page, nous présente Jésus comme l’une des trois personnes divines. Le récit du Baptême de Jésus, qui est le premier acte de sa vie publique, est aussi le premier texte trinitaire du Nouveau Testament.
Et, là aussi, dès cette première page, Jean Baptiste nous présente Jésus comme "l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde".
Il s’inspire du livre d’Isaïe, où le personnage du "Serviteur de Yahvé", est comme "un agneau conduit à l’abattoir", et il fait le sacrifice de sa vie pour sauver le monde : pas seulement le peuple d’Israël, mais pour toutes les nations. Dans le langage de la Bible, on disait "pour les multitudes".
C’est la formule qu’on retrouve dans le récit de l’institution de l’Eucharistie : Jésus donne son sang "répandu pour la multitude".
Ainsi, dès la première page de l’Évangile, Jésus apparaît comme l’une des trois personnes divines, et, en même temps, comme "l’agneau de Dieu" offert pour le salut du monde.
Comme personne divine, il ne pouvait pas donner sa vie, mais s’étant fait homme, il pouvait manifester son amour pour les hommes, en paroles et de toutes les façons possibles, jusqu’à donner sa vie.
Quand on communie, on reçoit "le corps du Christ"… et quand on a dit cela, on pourrait penser qu’on a tout dit sur l’Eucharistie.
Mais il y a plus que cela : on reçoit le corps de celui qui a tout donné par amour, jusqu’à donner sa vie… et qui, par amour, veut aussi tout nous donner. Ce qu’il nous donne, dans l’Eucharistie, ce n’est pas une réalité de ce monde créé, si grande soit-elle. Il nous donne infiniment plus : il nous fait entrer dans la vie divine.
C’est ce que saint Paul révèle aux chrétiens de Corinthe. Si nous recevons le corps du Christ, c’est pour devenir corps du Christ : pour partager sa vie de fils de Dieu. C’est pourquoi l’Eucharistie tient une telle place dans la vie des chrétiens : il n’est pas possible d’être vraiment croyant et de se priver de l’Eucharistie.
Publié le 2012-06-10