Dans l’Ancien Testament, le Règne de Dieu était synonyme du "Jour du Seigneur : un jour grand et redoutable." (Mal. 3,23 – Joël 3,4). L’avènement du Royaume, c’était la fin du monde : la victoire définitive du Bien sur le mal, qui était comparée à une "moisson".
Jésus fait comprendre, dans ces deux Paraboles, qu’il y a des étapes avant la moisson, et ces étapes sont déjà le Règne de Dieu.
La première parabole parle d’une semence qui tombe en terre et qui grandit. Ce qui fait penser à une autre parabole où Jésus compare le grain avec la Parole de Dieu (Mc 4,14). On peut donc supposer que cette parabole s’adresse à tous ceux qui s’efforcent de transmettre la Parole de Dieu d’une façon ou d’une autre. Ils ont de grandes joies, mais tous ont aussi des moments où ils se demandent si ce qu’ils font est bien utile : ils ne voient pas de résultat.
S’il arrive aux catéchistes d’avoir des moments de découragement : s’ils se posent des questions sur l’utilité de leur témoignage et de leur enseignement, il se pourrait que, dans cette parabole de l’Évangile, il y ait une réponse à leurs questions. Ce qui nous est demandé, c’est de jeter le grain, c’est-à-dire, la Parole de Dieu, et ne jamais dire : "avec tel ou tel, cela ne sert à rien." Il nous est demandé la même chose à l’égard des adultes. On aurait des occasions de manifester notre foi, mais on se dit : "avec celui-là, c’est du temps perdu"… et on ne fait rien.
Le message de cet Évangile, c’est qu’il faut semer la Parole de Dieu, même si, comme le personnage de cette parabole, on ne voit pas comment elle pourra grandir : "La semence germe et grandit, il ne sait comment."
Il ne faut pas trop se poser de questions, et se contenter de semer, parce que, le Règne de Dieu, ce n’est pas d’abord notre œuvre… et si c’est Dieu qui règne et qui agit, le grain semé finira par grandir.
On ne voit pas toujours les résultats et on se dit que rien ne se passe ! C’est comme un grain tombé en terre : pendant des semaines rien ne se passe. On pourra croire qu’il est perdu ou qu’il a pourri dans le sol. En fait, il germe : en fait, le Règne de Dieu est en action dans le secret.
Si on a compris le message de cette Parabole, on est en paix. On peut dire : "Seigneur, je fais ce que je peux, je sème, et le reste, c’est ton problème."
L’autre parabole est celle du grain de sénevé ou de moutarde noire : une plante potagère qui peut dépasser un mètre.
Ce grain est : "plus petit que toutes les semences de la terre", mais finalement "il grandit et dépasse toutes les plantes potagères." Tel est le Règne de Dieu : au départ, on a l’impression que rien ne se passe, mais, imperceptiblement, il grandira, et finalement, son expansion paraîtra totalement disproportionnée avec l’aspect insignifiant de ses débuts.
La suite est une citation d’Ézéchiel 17,23 : "il a fait de grandes branches en sorte que les oiseaux du ciel peuvent s’abriter sous son ombre." Pour Ézéchiel, les oiseaux du ciel représentent les nations païennes (cf. Éz. 31,6), ce qui laisse entendre que le Règne de Dieu s’étendra à toutes les nations. De la part d’Ézéchiel, c’était un message totalement insensé : il écrit à l’époque de l’exil à Babylone alors que le Peuple de Dieu semblait réduit à rien.
Jésus reprend l’image, et son message est tout aussi insensé : alors qu’il a quelques centaines de disciples dans une province perdue aux frontières de l’empire romain, il annonce une Église universelle !
Conclusion : il ne faut être ni impatients, ni apathiques !
Il nous arrive de passer d’un extrême à l’autre : on se met au service de l’Évangile et on est impatients… ensuite, si les résultats nous déçoivent, on ne fait plus rien : on oublie que le Règne de Dieu est d’abord l’œuvre de Dieu.
Dire qu’il règne, cela veut dire que c’est lui qui est agissant. Quand on a compris cela, on devient insensible au découragement : on fait ce qu’on a à faire, et on s’en remet à Dieu.
Jésus a dit : "Il y a celui qui sème et celui qui moissonne" (Jn 4,37) : en général, ce n’est pas le même. Si on moissonne, tant mieux pour nous. Mais ce qu’il nous demande, c’est de semer… la moisson, c’est son affaire.
Publié le 2012-06-17