Dans le livre des Actes des Apôtres, saint Luc rapporte un discours de Paul sur la mission de Jésus : il est "un Sauveur pour Israël".
Mais pour expliquer le sens de cette mission, Paul présente le personnage de Jean Baptiste : "il a préparé la venue (de Jésus) en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël."
Jésus est le Sauveur, mais il ne peut pas nous sauver malgré nous.
Pour qu’il puisse nous sauver, il faut que nous acceptions son salut.
Ce qui explique le rôle considérable de Jean Baptiste : il est le Précurseur : celui qui prépare les cœurs pour qu’ils aient le désir d’un Sauveur… de sorte que la rencontre du Christ devienne possible.
Cela nous concerne tout autant que les auditeurs de Jean : nombre de nos contemporains n’ont rien à faire d’un Sauveur. Ils ne voient pas de quoi ils auraient besoin d’être sauvés. L’infinie tendresse du Christ ne les intéresse pas. Ils ne sont pas concernés par son immense désir de faire miséricorde et de pardonner. Ils vivent dans le péché, mais rien de ce qui leur plaît ne leur semble condamnable.
Dieu aime pardonner : c’est une "joie dans le ciel" quand un pécheur vient à lui et quand il se laisse pardonner. Encore faut-il qu’il vienne.
Dieu n’impose jamais son pardon : il nous supplie de nous laisser réconcilier. (II Cor. 5,20)
C’est exactement la Mission de Jean : il ne demande pas un changement de situation sociale, ni aux soldats, ni aux collecteurs d’impôts, mais un changement de comportement. Ils peuvent rester soldats ou collecteurs d’impôts, mais ils ne doivent pas abuser de leur pouvoir : ils doivent l’exercer comme un service. C’est la condition de la rencontre du Christ.
Jean nous révèle un Dieu qui pardonne. Jésus ira plus loin encore en nous révélant un Dieu qui nous aime tels que nous sommes. Mais, dans le message de Jean, comme dans celui de Jésus, cette révélation n’est jamais dissociée de l’appel à la conversion. On ne peut pas choisir ce qui nous arrange : choisir le message d’amour et laisser de côté la conversion.
Dieu nous aime tels que nous sommes, exactement comme un père aime ses enfants. Et comme un père il désire notre conversion. Un père ou une mère aime son fils comme il est, et en même temps personne ne désire, autant qu’un père ou une mère, voir progresser son enfant.
La tristesse de Dieu, si l’on peut dire, c’est cela, c’est de voir l’homme se détruire par le péché : il détruit ce qui fait de lui un fils de Dieu… il détruit cette vie divine en lui qui est une vie éternelle.
Et ce qui fait la joie de Dieu, ce que Jésus appelle la "joie dans le ciel", c’est un homme qui se laisse pardonner et accepte enfin de se laisser aimer.
Jésus fréquente les pécheurs, il aime les pécheurs… en fait, c’est pour eux qu’il est venu : pour leur donner le pardon dont ils ont besoin.
Parmi les pécheurs que Jésus fréquente et rencontre, il n’y a pas seulement des homicides, des adultères ou des voleurs; il y a tout simplement les disciples : Pierre, Jacques et Jean, qui ne sont ni plus ni moins pécheurs que chacun d’entre nous.
Ils manquent de foi, ils sont ambitieux, ils sont infidèles, cependant on n’a jamais le sentiment que Jésus leur retire son amitié.
Un ami véritable est un ami qui nous aime tout en connaissant nos défauts… et c’est de cette façon que le Christ nous aime. Et parce qu’il est un ami, parce qu’il veut notre bien, il nous invite à ne pas nous blesser nous-mêmes par le péché et à progresser dans la sainteté. C’est de cette façon qu’il nous aime tels que nous sommes.
Publié le 2012-06-24