L’Évangile est un recueil de documents transmis par les premiers chrétiens. Les trois premiers Évangiles se ressemblent : on retrouve pratiquement les mêmes paroles de Jésus, mais dans un ordre ou un contexte différent. En fait ces paroles du Christ ont circulé dans les communautés chrétiennes pendant 40 ans, depuis la résurrection jusqu’aux environs de l’an 70 : jusqu’à ce qu’elles soient rassemblées sous la forme de nos Évangiles. Mais ceux qui ont fait cette rédaction finale ne savaient pas exactement comment situer chaque parole : ce qui explique les différences entre les trois premiers Évangiles.
Il y a parfois des récits de plusieurs pages, comme les récits de la passion. Il y a aussi des textes d’une ligne ou deux que les évangélistes ne savaient pas comment situer ; mais chacun était une parole de Jésus, et les évangélistes ne voulaient pas en perdre une miette. Ils les ont donc rassemblés comme ils ont pu, quand ils traitaient plus ou moins du même sujet. Pour bien les comprendre, il ne faut donc pas trop chercher un lien entre une parole et une autre. Il faut essayer de comprendre chaque phrase pour elle-même.
C’est le cas de l’Évangile de ce dimanche. Il a deux parties : la première porte globalement sur le témoignage et la seconde sur le contre-témoignage.
Celui qui fait tomber un petit, un faible, qui était disciple du Christ, et qui l’entraîne au péché ou lui fait perdre la foi, mieux vaudrait qu’on le noie avec une meule attachée au cou : une de ces pierres à moudre de plusieurs centaines de kilos. Si ta main, ton œil, t’entraîne au péché, tranche-la ou arrache-le !
Ce sont des hyperboles : des expressions volontairement forcées pour faire comprendre qu’une conversion peut être un déchirement. S’il est difficile de remettre en question des mauvaises habitudes ou un mode de vie contraire à l’Évangile, il n’y a qu’une solution : il faut trancher ! L’enjeu est notre destinée : c’est un enjeu éternel.
La première partie de cet Évangile parle, à l’inverse, de ceux qui s’affichent comme disciples de Jésus. On retiendra surtout cette parole étonnante : "Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense."
Cette parole nous touche particulièrement : et elle nous indique une façon très simple et plutôt agréable d’être apôtre. Elle consiste à ne pas cacher notre foi ou notre appartenance au Christ : à simplement nous laisser identifier comme chrétiens, et on verra que, la plupart du temps la réponse est plutôt sympathique.
Certains penseront peut-être qu’on ne peut pas en être sûr, et que, dans certains cas, il vaut mieux garder un profil bas. C’est vrai : on ne peut pas en être sûr, c’est pourquoi il faut toujours prendre le risque, sinon, il n’y aurait plus d’Église visible.
Par notre Confirmation on a reçu la mission de rendre l’Église visible : on a reçu les dons de l’Esprit pour cela, et on a l’obligation de les mettre en œuvre. C’est pourquoi Jésus nous invite à vaincre nos peurs, et il nous livre ce secret : celui qui, en raison de notre foi, aura le plus petit geste de sympathie, ne perdra pas sa récompense. En nous laissant simplement identifier comme disciples du Christ, nous aurons contribué à son salut éternel.
Publié le 2012-09-30