L’histoire de l’aveugle de Jéricho nous fait découvrir le regard de Jésus… et le changement de regard de ceux qui l’entourent.
Imaginons un événement important à Viroflay : une inauguration par exemple, où l’on aurait invité un député ou un ministre. Imaginons le ministre qui arrive, entouré de ses courtisans. Tout est prévu : le service d’ordre, les enfants avec des bouquets. Les enfants sont bien sages derrière un cordon, avec leurs maîtresses.
Jusque là, tout va bien !
Mais voilà qu’un des enfants devient subitement très agité : il crie, il veut franchir le cordon. Tout le monde se précipite : les maîtresses, le service d’ordre… panique !
On imagine l’entourage du ministre : tous ont des airs outrés et contrariés.
Mais le sale gamin franchit le service d’ordre et se précipite sur le ministre… et là, surprise !
Le ministre prend l’enfant par la main, lui demande comment il s’appelle, ce qu’il fait à l’école, et voilà qu’ils partent tous les deux dans une grande conversation.
Et à partir de ce moment, si vous observez bien l’entourage du ministre, vous constatez qu’ils ont changé de tête.
Tous les courtisans outrés sont devenus des courtisans souriants, pleins d’attentions pour le cher petit, échangeant des regards complices et sympathiques.
C’est ce qui arrive dans cet Évangile.
Quand Jésus arrive à Jéricho, c’est un événement : c’est une période où les foules se déplacent pour le voir, on le considère comme un prophète, certains pensent qu’il est le Messie attendu ; il est entouré de tout un groupe de disciples, les douze et bien d’autres. Au moment où il quitte la ville il y a toute une foule qui l’accompagne et qui l’écoute.
Il y a aussi un personnage sans importance : un aveugle qui se permet de déranger tout le monde.
Et là aussi, le regard que Jésus porte sur lui retourne la foule : il leur fait découvrir que cet homme-là est important.
Il est évident que cet Évangile me concerne, moi qui croise chaque jour, sans vraiment les voir, des enfants, des hommes et des femmes, qui sont importants pour Dieu.
Je suis bien élevé ; je ne me dis jamais : "Ils ne sont pas importants", mais je les croise sans les voir. En fait, c’est tellement ancré en moi que je ne me pose plus de question.
Et si maintenant, je croisais le regard de Jésus de Nazareth, je comprendrais que son regard m’oblige à avoir, sur chaque personne, un autre regard.
Si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est parce que ses attitudes et ses regards sont révélateurs des sentiments de Celui qui tient dans sa main et fait exister par amour chaque créature de cet univers.
Être disciple de Jésus, c’est penser, dans les rencontres les plus banales et les plus quotidiennes, au regard qu’il aurait sur les hommes.
Si les courtisans de ce monde peuvent changer d’attitude en un instant, pourquoi pas les disciples du Christ ?
Publié le 2012-10-28