On vient de lire l’un des passages les plus solennels des Évangiles : "L’an quinze du règne de l’empereur Tibère … sous Ponce Pilate en Judée, Hérode en Galilée, Philippe au pays d’Iturée et de Trachonitide, Lysanias en Abilène, sous le pontificat d’Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie." (Luc 3,1-2)
On ne connaît pas l’année de la naissance de Jésus, mais on peut dater le début de sa mission par rapport à ces personnages qui ont fait l’histoire : c’est l’an 28, l’année où, après avoir quitté son village de Nazareth pour annoncer l’Évangile, il a reçu le Baptême de Jean Baptiste.
Cette année-là, il fait son entrée dans l’histoire ; il deviendra pour les chrétiens le centre de l’histoire et la vie de tous ces personnages sera datée par rapport à lui.
Cette année-là, "la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean Baptiste." Dieu lui demande de donner un Baptême de conversion.
Le mot "baptiser" veut dire plonger. Tous se plongeaient dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Dieu a constamment le désir de pardonner, mais il ne peut le faire que si les hommes ont soif de son pardon et lui ouvrent leur cœur.
Jésus est le Sauveur du monde : celui qui vient nous dire le projet de Dieu et la tendresse de Dieu. Mais si les hommes estiment qu’ils n’ont pas besoin d’un Sauveur, s’ils veulent se passer de la miséricorde de Dieu, ils ne peuvent pas accueillir son Fils unique.
On comprend pourquoi Dieu a envoyé Jean Baptiste. Tout le monde l’admirait : sa sainteté était exceptionnelle; il attirait des foules.
Lui, pourtant, ne songeait qu’à s’effacer ; il disait : "Moi, je vous baptise avec de l’eau … Celui qui vient après moi est bien plus grand : je ne suis pas digne de défaire ses sandales … lui, vous plongera dans l’Esprit Saint." (Mt 3,11)
Le Baptême de Jean, ce n’était pas encore le Sacrement de Baptême ; c’était une démarche de conversion.
Le Baptême de l’Église est radicalement nouveau par rapport à celui de Jean Baptiste ; ce n’est pas simplement une demande de pardon, c’est une réponse de Dieu qui donne son pardon, et qui fait bien davantage… il nous dit : "Aujourd’hui, tu es mon fils." (Ps. 2,7)
Celui qui croit et qui est baptisé sait qu’il devient enfant de Dieu avec le Christ : c’est une nouvelle naissance, pour une vie éternelle.
Cette vie nouvelle, qui est le don de Dieu le plus précieux, l’homme ne doit pas la détruire. On peut d’ailleurs se demander : "Qui peut la détruire ?"
Dans l’univers qui nous entoure, personne n’a un tel pouvoir. Mais chacun de nous, en faisant le mal, a le pouvoir de détruire cette vie divine reçue à son Baptême. C’est pourquoi on demande aux nouveaux baptisés s’ils renoncent au péché : s’ils sont prêts à faire tout ce qui leur est possible pour ne pas détruire cette vie d’enfant de Dieu.
Il y a une parole qui revient comme un refrain dans les premières pages de l’Évangile, que ce soit dans la prédication de Jean Baptiste (Mt 3,2) ou dans celle de Jésus (Mt 4,17) : "Convertissez-vous : le Règne de Dieu s’est fait proche."
Ils ne veulent pas dire que le Règne de Dieu viendra bientôt, mais qu’il est à notre portée : il est là, près de nous. "Le règne de Dieu s’est fait proche" : Dieu n’est pas lointain, il s’est fait tout proche des hommes, comme un Père est proche de ses enfants.
Avec Jésus, c’est le règne de Dieu qui est là. Pour le rencontrer, il suffit de se convertir : de changer de direction, de renoncer au mal pour se tourner vers lui.
Publié le 2012-12-09