"Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu." I Cor. 15,3

5ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Jésus dit à Pierre : "Désormais, ce sont des hommes que tu prendras."
C’est la vocation de Pierre : il est appelé à être Apôtre.
Il prend conscience de deux choses : d’une part, il comprend qui est Jésus, et d’autre part, il comprend ce qu’il est lui-même : un homme indigne d’une telle mission ; et c’est cette double prise de conscience qui le rend apte à annoncer l’Évangile.

Avoir la vocation ce n’est pas avoir un sentiment de compétence, c’est avoir conscience de la grandeur divine de celui qui nous envoie, et qui nous a choisis comme apôtres malgré toutes nos limites.
On le voit, pas seulement à propos de Pierre, mais dans les trois lectures de ce dimanche :
Isaïe : "Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures."
Saint Paul : "Je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre."
Et Pierre : "Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur."

Cela rappelle le récit de la multiplication des pains : ce sont les Apôtres qui ont distribué les pains, mais c’est Jésus qui les a multipliés.
Ici, ce sont les Apôtres qui ont jeté les filets, mais c’est Jésus qui a multiplié les poissons.
On retrouve la même chose dans la dernière ligne de l’Évangile de Marc, lorsque les Apôtres partent en mission après la résurrection de Jésus : "Quant à eux, ils partirent prêcher partout, et le Seigneur travaillait avec eux." (Marc 16,20)

Avoir la vocation ce n’est pas avoir un programme ou un message personnels, c’est accepter de transmettre la Parole de Dieu.
Quand Isaïe a compris qu’il n’était pas digne de porter la Parole de Dieu, c’est alors qu’il est devenu apte à la transmettre : "J’entendis la voix du Seigneur qui disait : Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? Et j’ai répondu : Moi, je serai ton messager, envoie-moi."

Le mot tradition veut dire transmission. On n’invente pas l’Évangile, on le transmet : c’est la mission que Jésus a confiée à son Église. C’est ce qu’elle fait depuis 2000 ans.
Saint Paul est un des premiers écrivains du Nouveau Testament. La lettre aux Corinthiens a été écrite vers l’an 55 : 25 ans après la Résurrection. Et déjà, il parle de la tradition ; il n’a pas le sentiment d’être l’inventeur d’une doctrine :
"Je vous ai transmis ce que j’ai moi-même reçu … (I Cor. 15,3)
Cet Évangile, vous l’avez reçu et vous y restez attachés ; vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé, autrement c’est pour rien que vous êtes devenus croyants." (I Cor. 15,1-2)

On ne fera pas mieux que Paul. Ce qui nous est demandé, c’est de transmettre la parole qui vient du Christ.
Comme Pierre qui jetait les filets sans bien comprendre, le Seigneur nous demande de nous en remettre à lui : de faire les choses simplement parce que c’est sa parole ; et c’est alors que la pêche peut réussir. C’est vrai pour tous ceux qui transmettent l’Évangile : les prêtres, les catéchistes, les parents. Si on annonce l’Évangile, sans le déformer, même avec nos limites personnelles, si on le dit avec fidélité, il portera du fruit.

Dans ce récit, on peut remarquer la simplicité de Jésus ; il ne fait pas de grands discours, il dit simplement : "Avance au large et jetez les filets", et il laisse faire les disciples.
Quand Simon tombe à ses pieds, il lui dit : "Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras", et il les prendra dans des conditions aussi inattendues que cette pêche, sans moyens autres que la fidélité à l’Évangile.

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