Saint Luc nous révèle comment Jésus a été tenté et n’a pas cédé à la tentation. Il veut dire également que Jésus est un Nouveau Moïse.
Le chiffre de quarante jours est un rappel des quarante ans passés dans le désert par Moïse et le peuple hébreu.
Il fait aussi allusion au jeûne de quarante jours de Moïse sur le mont Sinaï, avant de recevoir la Loi de Dieu. Jésus se prépare de la même façon à annoncer l’Évangile de Dieu.
Quant aux trois tentations, elles reprennent trois épisodes de la sortie d’Égypte tirés du discours de Moïse dans le livre du Deutéronome :
1) "L’homme ne vit pas seulement de pain" (Deut. 8,3) fait allusion à la Manne donnée par Dieu à Moïse et à son peuple dans le désert,
2) "Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu" (Deut. 6,16) est la réponse de Moïse à la révolte des Hébreux qui exigeaient de Dieu un miracle pour ne pas mourir de soif dans le désert,
3) "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte" (Deut. 6,13) est une mise en garde de Moïse au peuple tenté par l’idolâtrie.
Saint Luc veut dire que Jésus est beaucoup plus grand que Moïse.
Pourquoi présenter Jésus comme le Nouveau Moïse ?
Pour nous, Moïse ne représente que l’Ancien Testament. Mais pour un chrétien converti du judaïsme, ne sachant pas encore bien qui est Jésus, rien n’était plus parlant… pour trois raisons :
1) Moïse était le créateur du peuple de Dieu : d’un ramassis d’esclaves en Égypte, il avait fait le peuple de l’Alliance,
2) il était le sauveur de son peuple : il l’a sauvé de l’esclavage et conduit vers la Terre promise,
3) il lui avait donné la Loi de Dieu : les commandements, qui étaient l’essentiel de la Parole de Dieu.
Jésus a fait tout cela, et il a fait beaucoup mieux :
1) lui aussi est Créateur du nouveau peuple de Dieu, qui est son Église,
2) lui aussi est Sauveur : il donne au monde le pardon et la vie divine,
3) et c’est lui qui donne la Loi Nouvelle : sa parole est la Parole de Dieu.
Jésus est le Moïse de la Nouvelle Alliance, qui est une Alliance universelle et éternelle.
Il va de soi que Jésus n’a pas seulement été tenté pendant ces quarante jours. Il a résisté à la tentation tout au long de sa mission terrestre.
Beaucoup de Juifs rêvaient de dominer le monde. Ils étaient asservis aux Romains, mais ils attendaient un libérateur politique, et beaucoup espéraient que Jésus serait ce libérateur.
Il n’a pas succombé à cette tentation, mais en tant qu’homme et en tant que fils d’Israël il a pu être tenté de jouer ce rôle. Ses disciples ne cesseront de le pousser en ce sens, Pierre comme les autres… et Jésus lui dira : "Écarte-toi de moi Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes."
Toute sa vie montre qu’il refuse ce genre de messianisme. Il annonce la Bonne Nouvelle aux pauvres, et la fidélité à sa mission le conduira à la mort.
Il a été tenté, aussi, par une vie plus facile, et nous pouvons le comprendre. Jusqu’à un certain point, ce n’est pas un péché. Cependant, nos révoltes dès que viennent à manquer certaines de ces richesses, de ces facilités ou de ces bonheurs terrestres, peuvent être graves. L’avidité peut nous égarer : que l’on pense aux familles brisées à l’occasion d’un héritage.
Le carême est un temps pour se reprendre et ne plus céder à la facilité : "L’homme ne vit pas seulement de pain." C’est un temps pour ne pas céder aux attachements excessifs qui conduisent au péché et à la révolte : "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu … et lui seul."
Publié le 2013-02-17