Jésus, qui était de condition divine, n’a rien revendiqué : il n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu. (Phil. 2,6)
Au cours de la Semaine Sainte nous allons célébrer la Passion et les humiliations du Fils de Dieu.
Tout ce que le Christ a vécu nous concerne ; chaque détail de sa vie est une révélation du projet de Dieu : son projet concernant Jésus de Nazareth, mais aussi son projet relatif à chacun d’entre nous.
Tout ce qu’il a vécu est un appel à marcher dans ses pas et à vivre une même destinée. Plus notre destinée ressemblera à la sienne, plus on participera à sa filiation divine et plus notre vie sera une vie éternelle, c’est-à-dire une communion avec les personnes divines.
Jésus demande à ses disciples de marcher à sa suite et de porter la croix. Mais porter la croix, ce n’est pas souffrir pour souffrir, c’est accepter d’aimer quel qu’en soit le prix : accepter de rester fidèle à l’Évangile, même s’il nous en coûte de rester fidèle. Autrement, on ne peut pas vraiment parler de conversion.
Il sait qu’il nous en coûte parfois d’être fidèle à notre vocation et de ne pas nous détruire nous-mêmes par le péché. Il sait qu’il nous en coûte d’être serviteur… et aimer, c’est toujours, plus ou moins, être serviteur.
La conversion que Jésus nous demande n’est pas arbitraire : toutes ses exigences sont les exigences de l’amour. Elles découlent de l’amour de Dieu, du respect de soi, et de l’amour fraternel.
Jésus n’a rien revendiqué, il n’a fait que servir, et nous avons du mal à l’imiter sur ce point.
Quelle que soit notre situation sociale ou nos activités, il y a des moments où nous avons le sentiment que notre honneur, nos droits, nos privilèges n’ont pas été respectés… dans nos relations professionnelles, mais aussi dans nos relations entre amis, entre époux, entre parents et enfants.
On a le sentiment qu’on se moque de nous, qu’on abuse de nous, qu’on nous prend pour une tarte !
Il y a des cas où il faut réagir, en particulier quand on a la charge d’éduquer, mais il y a aussi une multitude de circonstances où l’on devrait simplement se souvenir que l’Évangile nous invite à être serviteur, à ne pas revendiquer, à être heureux de faire le don de soi.
Il ne faut pas voir cela uniquement comme un fardeau. On aurait tort de s’imaginer que plus on donne, plus le fardeau est lourd.
En fait, dans la mesure où l’on a accepté de servir le Christ, d’être serviteur de nos frères à cause de l’Évangile, on découvre la paix que donne le Christ. Si l’on parvient à se libérer de tout esprit de récrimination ou de revendication, on devient véritablement un être libre. Si on accepte de se laisser un peu exploiter, si on a plus envie de donner que d’être considéré, on est vraiment libéré d’un poids, on devient de plus en plus capable de comprendre le secret que Jésus de Nazareth veut nous révéler, à nous qui célébrons sa passion.
Le Seigneur Jésus, lui qui était de condition divine, n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu … mais il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur … devenant obéissant jusqu’à mourir sur une croix."
Publié le 2013-03-24