L’unité entre chrétiens ne concerne pas seulement nos relations avec nos frères séparés, et s’il nous faut être artisans de paix et d’unité, c’est tout d’abord à l’intérieur de l’Église.
Il peut exister, dans l’Église catholique, des sensibilités diverses et des différences qui ne remettent pas en question l’unité de l’Église et la fidélité à notre foi commune.
La médisance, et plus encore la calomnie, peuvent être des péchés graves, parce que ceux qui les commettent se détruisent, mais aussi parce qu’ils détruisent l’Église. La malveillance n’est pas un péché anodin : elle est à l’opposé de l’Évangile, elle détruit toute sagesse et toute lucidité, prêtant des intentions perverses aux paroles et aux gestes les plus innocents.
Jésus prie ainsi pour ses disciples : "Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé." (Jn 17,23). S’ils sont divisés, ils seront un obstacle à la foi… ils seront un obstacle à la mission… et donc ils seront un obstacle au salut de ceux qui sont encore éloignés de la foi.
Parmi les membres de nos "cellules paroissiales d’évangélisation", plusieurs ont fait une expérience qui rejoint le message de cet Évangile. Ils n’ont pas été étrangers aux tensions et querelles qui ont divisé l’Église depuis quelques décennies, mais, ayant redécouvert la grâce de leur Confirmation et l’urgence de la mission (une mission fondée sur un esprit de prière et d’amour fraternel) ils ont le sentiment que certains clivages anciens sont devenus caducs et que certaines divisions de ces années passées n’ont plus la même portée. Des chrétiens qu’on aurait pu croire éloignés les uns des autres partagent un même idéal d’évangélisation.
Jésus nous invite à cultiver l’unité pour que le monde croie : à être fraternels pour être des témoins crédibles.
Et voilà que ceux et celles qui ont le désir d’être des témoins : le désir de faire connaître le Christ autour d’eux, découvrent que l’amour fraternel est possible et qu’il nous permet de réétalonner notre échelle des valeurs. Cet amour ne gomme pas toute différence, il n’est pas un obstacle à la réflexion ni à la recherche de la vérité, mais il relativise les différences, il évite de les amplifier et de les déformer par la malveillance ; il permet à des êtres différents de devenir "artisans de paix." (Mt 5,9)
L’Écriture est d’une extrême sévérité contre ceux et celles qui sont des "mauvaises langues" : "Leur gosier est un sépulcre béant. De leur langue ils sèment la tromperie. Un venin de serpent est sous leurs lèvres. Leur bouche est pleine de malédictions et d’amertume." (Rom. 3,13-14)
"Si quelqu’un se croit religieux alors qu’il ne maîtrise pas sa langue, sa religion est illusoire." (Jacq. 1,26)
"La langue est comme un incendie, c’est le monde du mal … elle souille le corps tout entier … elle-même est embrasée par la Géhenne." (Jacq. 3,6)
Si la calomnie détruit une communauté et la rend stérile, si elle l’empêche d’être missionnaire et d’annoncer l’Évangile du salut, on comprend l’importance de cette parole de Jésus : "Qu’ils soient un, eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé." (Jn 17,21)
Publié le 2013-05-12