Dans cette parole du Christ, plusieurs points sont importants.
On voit d’abord que c’est une parole adressée à ses disciples ou à son Église, et c’est nous aujourd’hui qui sommes ses disciples : son Église c’est nous.
On voit aussi que ce qui nous est promis, c’est un Esprit qui enseigne et qui fait souvenir de tout : celui qu’il appelle, un peu plus haut, l’Esprit de vérité : "Le Père … vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité." (Jn 14,16-17)
Ces paroles sont essentielles pour comprendre la mission que le Christ a voulu donner à son Église. Il savait écrire, mais il n’a pas écrit. Pour transmettre son message, Jésus n’a pas choisi l’écriture. Ce qu’il a fait, c’est une Église.
Dans les débuts du XXe siècle, des intellectuels, qu’on a appelés les "modernistes", ont découvert que l’Évangile n’est pas exactement un reportage, mais que c’est d’abord l’expression de la foi de l’Église primitive ; ils l’ont donc considéré comme suspect, et beaucoup ont perdu la foi.
L’Évangile n’est pas aussi suspect qu’ils le disaient, mais il est vrai que le Nouveau Testament est avant tout l’expression de la foi de l’Église, et cela n’était pas une raison de perdre la foi ; c’est précisément ce que le Christ a voulu : il a voulu que le garant de son message, ce soit d’abord l’Église, guidée par l’Esprit de vérité, ou plutôt, c’est d’abord et avant tout l’Esprit qui garde l’Église du Christ dans la vérité.
Jésus étant le Fils de Dieu, non seulement ce qu’il a dit pendant sa vie publique était une Parole de Dieu, mais il a fait en sorte que ce message soit transmis intact. Autrement, tout ce qu’il a pu dire n’aurait servi à rien. On ne voit pas ce que pourrait être une Parole de Dieu qui ne serait pas transmise, ou qui serait transmise sans garantie.
Pour cela Jésus n’a pas écrit ni demandé d’écrire. Le garant de la fidélité de l’Église à son message, c’est l’Esprit de vérité promis et donné à cette Église. C’est précisément ce que dit l’Évangile de ce jour.
Un autre point important, dans cette parole du Christ, c’est que l’Esprit est un Défenseur. "Paraclet" signifie Protecteur plutôt qu’Avocat ; ce terme suggère puissance et bienveillance. On peut s’en remettre à lui, se confier à lui, et on ne s’inquiète plus : "Lorsqu'ils vous livreront, ne vous inquiétez pas de savoir comment parler … ce que vous aurez à dire vous sera donné sur le moment. Car ce n'est pas vous qui parlerez, c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous." (Mt 10,19-20)
On n’est donc pas dispensé de tout ennui, mais, quoi qu’il arrive, on ne s’inquiète plus. En tout cas, on ne s’inquiète plus de la même façon !
Saint Paul également dit qu’il faut souffrir avec le Christ : "C’est l’Esprit Saint qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu … héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ … à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire." (Rom. 8,17)
En disant que l’Esprit du Père parlera en nous. Jésus met l’accent sur un autre aspect du rôle de l’Esprit : c’est un Esprit de vérité pour connaître et croire cette vérité, mais aussi pour la dire et être des témoins.
Une foi qui ne rayonne pas et ne se transmet pas, cela n’a pas de sens, comme une lampe qu’on allumerait pour la cacher sous un couvercle ou du sel qui ne salerait plus (Mt 5,13-15)
La grâce de la Pentecôte, c’est exactement cela : les disciples reçoivent l’Esprit pour devenir des témoins actifs et rayonnants.
C’est aussi la grâce de notre Confirmation : nous avons reçu tout ce qu’il faut de l’Esprit pour être rayonnants, et désormais il dépend de nous de mettre en œuvre cette grâce.
Publié le 2013-05-19