"Les païens sont associés au même corps" Éph 3,6

Epiphanie du Seigneur de l'année B

"Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus."(Éph 3,5-6)

Nous ne savons pas exactement ce qu'a été la visite des mages, tant les symboles se mêlent au récit… et les chrétiens du passé ne s'en sont pas souciés outre mesure, eux qui ont ajouté des détails absents de l'Evangile, fixant à trois le nombre des visiteurs et en faisant des rois.

En vérité, il y a deux rois dans le récit de Matthieu, et ce ne sont pas les mages ! Les allégories imaginées à différentes époques ne doivent pas nous faire perdre de vue les symboles proposés par l'évangéliste lui-même, et la révélation étonnante qu'ils contiennent.
Cette révélation est celle que Saint Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, désigne comme le "Mystère" par excellence… inconnu des générations passées, mais enfin manifesté à l'Eglise du-Christ. (Éph 3,5-6)
Ce qu'attendaient les fils d'Israël s'est accompli… non pas pour le seul peuple élu, mais pour les hommes de toutes les races. Paul et Matthieu, qui ont en commun d'être des Juifs nourris de la Bible, manifestent un même étonnement, l'un dans une formule dense et solennelle, l'autre en racontant une histoire.

On sait que l'Evangile de Saint Matthieu s'adresse à ses frères de race : ceux qui croient que Jésus est le Messie, et ceux qui se posent la question. Les uns et les autres attendaient un Messie, c'est-à-dire un Roi. envoyé par Dieu pour sauver son peuple, et il était évident pour tous que le roi Hérode n'avait pas le profil.
Les mages, qui représentent les nations païennes, reconnaissent Jésus comme le Messie… alors que les prêtres d'Israël et les docteurs de la Loi, héritiers des promesses et nourris de la parole de Dieu, ne savent pas reconnaître celui que leur peuple attendait depuis des siècles.
Les mages se prosternent devant l'enfant comme devant un roi, et lui offrent l'or, l'encens et la myrrhe, qui sont les trois présents que l'on faisait à un roi. Matthieu s'adresse à ses frères juifs dans un langage dont ils comprennent les images, et il les met en garde.
Eux qui avaient reçu les promesses divines, et auxquels l'héritage était destiné… ne savent pas reconnaître l'accomplissement de ces promesses… et ils laissent échapper leur héritage.
Le rôle du peuple élu avait été de préparer la venue du Messie… et lorsqu'il entre dans l'histoire comme Sauveur du monde, voilà qu'une grande partie de ce peuple le rejette.

Dieu, évidemment, ne rejette personne, et les premiers appelés restent les fils d'Israël… mais au terme de l'histoire Sainte, quand le Messie se manifeste en ce monde, il nous révèle que tous les hommes sont appelés.
La douleur de Matthieu vis-à-vis de ses frères, et sa joie quand il pense au mystère de l'élection divine et à la foule immense des élus, se retrouvent dans les lettres de Paul : juif, pharisien et docteur de la Loi, devenu disciple de Jésus.
Pour lui, au cœur de la révélation, il y a un "mystère" unique, qui n'avait pas été dévoilé aux hommes des générations passées… et qui,maintenant, a été révélé par l'Esprit Saint aux Apôtres de l'Eglise du Christ et à ceux qui sont au service de la Parole. (Éph 3,5)

Les païens, c'est-à-dire tous les hommes, héritent des promesses faites à Israël et cet héritage dépasse toute attente, puisqu'ils "sont associés … au même corps … dans le Christ Jésus." (Éph 3,6)
Ils sont incorporés au Christ… ils deviennent un seul corps et un seul être avec lui. L'Epiphanie est l'action de grâce des nations païennes, parce que, désormais ce projet de Dieu nous est manifesté.
Et ce mystère s'accomplit particulièrement dans l'Eucharistie, qui est notre "action de grâces", parce qu'en recevant le corps du Christ, nous devenons un seul corps avec lui.

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