Supposons qu’on explique à un incroyant ce que représente l’Eucharistie pour les disciples du Christ… et qu’ensuite,on lui précise qu’une partie d’entre eux reçoivent ce Sacrement comme une chose banale et ne songent pas particulièrement à remercier.
Vous imaginez son étonnement !
Il serait tout à fait semblable à notre étonnement quand nous lisons cette histoire de lépreux et à l’étonnement de Jésus dans cet Evangile.
Il a guéri dix lépreux, et un seul revient… et c’est un Samaritain !
Comment expliquer l’attitude des neuf autres ?… Tout simplement, en regardant notre comportement habituel !
Les neuf étaient Juifs… ils faisaient partie de la maison !
Après tout, ils trouvaient normal qu’un prophète juif fasse quelque chose pour eux, et que le Dieu d’Israël les guérisse ! Ils sont contents… mais pas au point de remercier !
Eux qui étaient regardés comme des parias et des rebuts de la société, ils sont redevenus des êtres normaux !
Et le problème, quand on est normal et que tout va bien, c’est qu’on ne voit pas pourquoi on aurait à remercier !
Le Créateur nous tient dans l’existence à chaque seconde, il nous fait exister par amour… on le sait, mais on ne va pas en faire une histoire ! On se dit qu’on ne va tout de même pas le remercier pour ça ! On y passerait son temps ! Après tout, Dieu ne fait que son devoir de Créateur !
L’ingratitude des neuf lépreux, qui nous semblait inexcusable, ressemble curieusement à la nôtre !
Et le plus grave : c’est qu’en réalité, ces neuf lépreux ont reçu beaucoup moins que nous !
Il n’y a pas de commune mesure entre une guérison, et la vie divine qui nous est donnée dans le Christ : le Baptême qui nous plonge dans l’Esprit pour être recréés à l’image du Fils et entrer dans la vie trinitaire.
Si neuf sur dix ne sont pas revenus, c’est qu’ils sont comme nous, qui rentrons de la Messe le Dimanche, sans avoir pris un instant pour remercier… comme si la communion au corps du Christ n’avait rien d’extraordinaire et ne méritait pas qu’on s’y attarde.
Ce que Jésus attend de ses disciples, c’est qu’ils soient à l’image de ce Samaritain qui revient en rendant grâces à pleine voix et qui se jette la face contre terre à ses pieds.
Transposé à Viroflay en 2004, cet Evangile est une invitation à prendre, dans le prolongement de l’Eucharistie, un temps d’adoration.
Pour ceux qui s’étaient engagés, avant les vacances, à prendre une heure par semaine en présence du Seigneur, dans l’oratoire, c’est une invitation à tenir leur engagement.
Pour ceux qui hésitaient, c’est une invitation à faire le pas.
Pour ceux qui ne veulent pas s’engager pour une heure d’une façon régulière, c’est une invitation à ne pas se contenter de ne rien faire… et à prendre, chaque fois qu’ils le peuvent, le temps de la rencontre du Christ.
Publié le 2004-10-10