Ce que nous appelons habituellement la "foi" consiste à croire toutes les vérités contenues dans l'Evangile ou dans le Credo.
Mais le Nouveau Testament emploie le mot "foi" avec d'autres significations… par exemple lorsque Saint Paul écrit que "l'homme est sauvé par la foi, indépendamment des œuvres de la loi." (Rm. 3,28)
Ou encore, dans la lecture de ce dimanche : "C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Cela n'est pas dû à votre action personnelle, il n'y a pas à en tirer orgueil." (Eph. 2,8-9)
Cette foi qui sauve, c'est celle qui s'en remet au Christ… Paul veut dire par là que c'est le Christ qui sauve.
On ne "fait" pas son salut, on le reçoit… c'est un don gratuit de Dieu : "C'est bien par la grâce que vous êtes sauvés." (Eph. 2,5)
Je ne suis pas mon propre sauveur… mon Sauveur, c'est le Christ !
L'Evangile de Saint Jean (3,16) ne dit rien d'autre : "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique ; ainsi, tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle."
Saint Paul précise également que nos bonnes actions ne nous donnent pas un droit à la vie éternelle.
Quels qu'aient été nos mérites et notre sainteté, on ne peut dire, en aucun cas : "Seigneur, voilà ce que j'ai fait… voilà mes droits… j'exige ma récompense !" (cf. Luc 17,10)
C'est un sujet où l'on bascule facilement d'un extrême à l'autre ! Ou bien on veut "faire son salut", et on oublie que c'est une grâce de Dieu… ou bien on comprend que c'est une grâce, et on se comporte comme si nos actions et nos efforts n'étaient pas une condition du salut !
Paul évite ces deux excès… après avoir dit que le salut est un don de Dieu : un don qu'on reçoit par la foi… il ajoute, immédiatement après : "C'est Dieu qui nous a faits… pour que nos actions soient vraiment bonnes : conformes au chemin que Dieu a tracé pour nous et que nous devons suivre." (Eph. 2,10)
Saint Paul ne veut, en aucun cas, nous laisser croire que la foi dispense de se convertir … et pour nous mettre en garde contre une telle illusion, il va jusqu'à dire : "quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien." (1. Cor. 13,2)
Etre réceptif à la grâce de Dieu… ce n'est pas être passif… c'est mettre en œuvre tout ce qu'on a reçu de lui : tous les talents qu'il nous a donnés. (Mt. 25,21-30)
Quand on a mis tout en œuvre, il faut se rappeler que nous n'avons pas fait autre chose qu'être disponibles à l'action de l'Esprit ! Nous avons cessé de freiner et de résister, pour accueillir le don immense de la filiation adoptive, totalement disproportionné par rapport à nos mérites.
Publié le 2006-03-26