"Le monde les a pris en haine parce qu'ils ne sont pas du monde." Jn 17,11-19

1er dimanche de l'Avent de l'année B

Nous ne sommes pas du monde, et pourtant, nous sommes dans le monde ! Nous ne pouvons pas regarder ce qu'on appelle "le monde" avec une certaine condescendance, comme si nous n'étions pas complices du péché, comme si la foi nous mettait au dessus du monde et de ses problèmes. Le péché n'est pas une exclusivité des non-chrétiens !

Nous sommes donc impliqués dans ce monde où se déroule notre destinée… mais en même temps, Dieu nous appelle à une destinée qui dépasse les horizons de ce monde. Cet appel c'est notre vocation de chrétiens : notre destinée de fils adoptifs de Dieu.

Nous ne pouvons pas nous glorifier d'une telle révélation, comme si nous entrions dans un club réservé à une élite, qui pourrait regarder de haut le reste du monde !
Le Seigneur nous invite à rendre grâce, comme des gens qui ont été comblés alors qu'ils n'avaient aucun droit !

Il nous dit également quelles sont les conditions pour que Dieu demeure en nous : pour qu'il habite en nous.
Ce qui laisse supposer qu'il y a un risque d'être "inhabitable" !
Cet Evangile nous invite donc à nous poser la question : "Comment devenir un endroit habitable pour Dieu ?

Il donne trois réponses :
"Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous… " (1Jn 4,12)
"Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui… " (1Jn 4,15)
"Celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu, et Dieu en lui." (1Jn 4,16)
Si les hommes réalisaient à quoi ils ont été appelés et à quel point ils sont aimés, tous devraient déborder de reconnaissance ! Mais, nous le savons, ce n'est pas de cette façon que le "monde" répond à l'amour de Dieu.

Imaginons un enfant capricieux et trop gâté ! On s'est saigné pour lui faire un cadeau superbe et utile : ce qu'il y a de mieux ! Et lui, il fait la tête… ce n'est pas le cadeau qu'il voulait !
Cet enfant capricieux : c'est le "monde" des hommes : c'est nous… avec les cadeaux de Dieu !
Loin de le remercier, on lui laisse entendre que ses cadeaux ne sont pas vraiment intéressants… ce n'est pas le genre de chose que le monde attendait de lui !

On estime qu'avant de faire des cadeaux, il aurait dû se renseigner sur nos goûts et sur nos préférences !
Ce qui nous intéresse (tout le monde aurait pu lui en faire une liste) : c'est une vie confortable… pas de maladies… pas d'angoisses… pas de soucis de famille… des revenus réguliers. Si Dieu veut s'occuper du monde… voilà ce qui devrait le préoccuper en priorité !
Et quand les choses vont mal… quand elles ne viennent pas en temps voulu… on récrimine contre Dieu.
On passe facilement des journées ou même des semaines sans une vraie rencontre de Dieu… si ce n'est pour lui faire des reproches : lui faire remarquer que s'il nous aimait, les choses devraient se passer autrement ! On lui dit : "Tes cadeaux sont peut-être très beaux, mais il ne m'intéressent pas !"

Et c'est là que l'Evangile suppose une conversion, à la fois du cœur et de l'intelligence : une remise en question de nos priorités et de nos valeurs, pour découvrir à quoi Dieu nous appelle, pour adhérer à sa volonté… et entrer totalement dans la destinée de fils adoptifs pour laquelle il nous a faits.
Il faut une conversion, pour que nos goûts et nos désirs ne soient plus ceux du "monde", mais qu'ils se conforment au projet de Dieu… pour que nous sachions découvrir l'immensité du don de Dieu, et devenir, par l'amour, la demeure de Dieu.

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Publié le 2006-05-28