"Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ?" Mc 4,40

12ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

Jésus avait prêché toute la journée depuis la barque de Pierre … et le soir, épuisé par cette journée de ministère, il s'est endormi sur la banquette à l'arrière du bateau.
Sur le lac de Tibériade les tempêtes sont très soudaines. Le bateau est probablement trop chargé, et les vagues commencent à passer par dessus bord.
Les disciples pensaient que Jésus allait se réveiller, au moins pour partager leur angoisse … mais il continue de dormir, et ils deviennent très nerveux !
Ils finissent par le réveiller … ils sont à la limite de la mauvaise humeur : "Maître, tu ne te soucies pas de ce que nous périssons ?"

Le comportement de Jésus est étrange … il ne parle pas à ses disciples … il s'adresse à la mer : "Silence !Tais-toi !"
Il menace et il impose silence …, au vent et à la mer !
Pour les Juifs, qui n'étaient pas des marins, la mer était le symbole des puissances hostiles à Dieu … c'était un peu le symbole du mal !
Pour comprendre toute la portée du geste de Jésus, il faut savoir que, dans la Bible, maîtriser la mer était le propre du pouvoir divin :
Dans l'Ancien Testament, on trouve cette prière : "Yahvé, Dieu Sabaot … C'est toi qui maîtrises l'orgueil de la mer ; quand ses flots se soulèvent, c'est toi qui les apaises." (ps.89)

Le Psaume 107 présente des marins pris dans une tempête : "dans leur détresse ils criaient vers Yahvé … Il ramena la tempête au silence et les flots se sont tus."
On voit que Jésus reprend les termes du Psaume : "Silence ! Tais-toi !"
On voit aussi qu'il ne fait pas une prière … il ne demande pas à Dieu d'apaiser la tempête … C'est lui qui impose silence à la mer … Il prend la place de Yahvé ! Jésus ne manifeste pas seulement sa puissance … il manifeste, d'une certaine façon, sa condition divine … et c'est bien ce que comprennent les disciples, ou ce qu'ils devinent, puisqu'ils disent : "Qui est-il donc pour que même le vent et la mer lui obéissent ?"Et à ce moment, nous dit Saint Marc : "ils craignirent d'une grande crainte." Le calme est revenu, mais, on a l'impression qu'ils ont encore plus peur que pendant la tempête ! Cette "grande crainte" est celle qui accompagne les théophanies de l'Ancien Testament … c'est la peur du surnaturel :la peur d'être en présence de Dieu !

Alors, Jésus leur pose cette question : "Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ?"On peut penser que c'est l'étonnement de Jésus qui est étonnant … et que les disciples avaient bien des excuses !
Mais, dans les grandes épreuves, il est rassurant de se rappeler ce reproche plein de tendresse que Jésus faisait autrefois à ses premiers disciples sur le lac de Tibériade !
Jésus a bien choisi son jour pour dire cette parole … Il n'a pas dit cela à propos d'un petit ennui ou d'une petite inquiétude !
Ce jour-là, ils avaient de vraies raisons d'avoir peur.
C'est donc une question que le Fils de Dieu nous pose dans les grandes épreuves : "Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi ?"

Si nous avons vraiment la foi, toutes nos peurs sont relativisées … aucune épreuve ne peut être vécue comme un désastre absolu.
Notre appartenance au Christ ne nous rend pas insensibles … elle nous rend, au contraire, plus sensibles aux douleurs des autres.
Mais la foi nous donne aussi une certaine sagesse et une certaine sérénité.
Quand nous avons la tentation d'être désespérés, Jésus nous pose cette question : "Comment se fait-il que tu n'aies pas la foi ?"

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Publié le 2006-06-25