Jésus s'adresse ici à des hommes religieux… ce que nous appellerions des "pratiquants".
Il a rarement eu affaire à des non-Juifs, si ce n'est la Samaritaine ou le centurion de Capharnaüm… mais même ceux-là partageaient la foi des Juifs. De ce fait, presque tous les reproches de l'Evangile s'adressent à des pratiquants.
Ce sont eux aussi qui étaient visés dans le texte d'Isaïe : "Il est inutile le culte qu'ils me rendent." (Is 29,13)
Et nous, sommes-nous visés ?
En principe on a compris le message qui est à la fin de cet Evangile : le péché, c'est ce qui vient du cœur… ce ne sont pas des objets extérieurs qui peuvent nous rendre impurs… et nous ne pratiquons plus les rites de purification des Juifs.
Le culte que nous pratiquons, c'est essentiellement les Sacrements institués par Jésus lui-même… nous faisons ce qu'il nous demande de faire : "Allez baptiser"… "Quand vous pardonnerez les péchés ils seront pardonnés"… et pour l'Eucharistie : "Faites ceci en mémoire de moi".
Faut-il en conclure que les reproches de Jésus ne peuvent pas nous concerner… ni ceux d'Isaïe : "Il est inutile le culte qu'ils me rendent" ?
En fait, tout l'Evangile est un appel à progresser dans la sainteté… et quand on cesse de s'interroger et de se remettre en question, on peut tomber très bas.
L'Eucharistie que nous pratiquons ne saurait être qualifiée de "culte inutile"… c'est le sommet de la vie de l'Eglise… mais qu'en faisons-nous ?
On peut en faire un usage épisodique, ou trop superficiel… on peut aussi en faire une sorte d'alibi qui nous dispense d'aimer, de servir, de partager : de vivre vraiment en disciples du Christ.
C'est ce qu'écrit Saint Jacques : "La manière pure et irréprochable de pratiquer la religion : c'est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans le malheur, et de se garder pur au milieu du monde." (Jc 1,27)
Etre pratiquant, c'est participer à l'Eucharistie évidemment, mais aussi pratiquer ce que dit Saint Jacques : le partage, le service de ses frères, et une vie pure (ou sainte) au milieu du monde… ce qui n'est pas évident dans un monde dont la corruption est de plus en plus indiscrète… comme on peut en faire l'expérience en ce temps de vacances.
Si notre vie se déroule, en fait, comme si l'Eucharistie nous dispensait du partage, du service fraternel et de la pureté de mœurs, alors les reproches de Jésus nous concernent.
Nous savons aussi que s'il nous fait des reproches, c'est par amour… pour nous sauver… et c'est en se laissant remettre en question que l'on peut progresser dans la sainteté.
Publié le 2006-09-03