Jésus demande aux disciples : "Pour vous, qui suis-je ?"Pierre prend la parole et répond : "Tu es le Messie."
"Messie", c'était le titre des rois… Il n'y avait pas eu de roi en Israël depuis 600 ans, mais l'espérance populaire, et sans doute celle des disciples, c'était l'attente d'un roi !
Alors, dit Saint Marc, il leur défendit vivement d'en parler à personne ! Jésus évite le terme de Messie :sa mission n'est pas celle d'un roi !
Pierre a fait un acte de foi… mais, il ne comprend pas tout !
Jésus est bien le Messie… mais sa royauté n'est pas de ce monde… et sa victoire passe par le sacrifice de sa vie.
Un Messie rejeté par les notables d'Israël et condamné à mort, cela n'a aucun sens… comme si, aux nouvelles, on nous présentait une élection présidentielle, avec les images du cortège triomphal… qui finalement s'arrête devant la prison… et là, on passerait les
menottes au nouvel élu, et on l'enfermerait pour sept ans !
On serait surpris… de la même façon que Pierre est surpris quand Jésus lui parle d'un Messie souffrant, rejeté et condamné !
Le Messie, par définition, devait être royal, glorieux et triomphant !
Pierre a la foi, puisqu'il reconnaît Jésus comme le Messie… mais il est très loin d'avoir tout compris !
Il aurait dû poser des questions… essayer de comprendre !
Il se pose des questions… mais, en fait, il se demande si Jésus a bien compris son rôle de Messie !
Il le prend alors par la manche, pour lui expliquer discrètement ce qu'on attend de lui. Il prétend expliquer à Jésus ce que doit être le Messie !
Jésus lui dit alors : "Passe derrière moi, Satan."
On peut supposer que ces paroles ont été le traumatisme de sa vie !
Jésus n'avait pas le choix… Pierre devait remettre totalement en question son idée du Messie… son idée du salut… et peut-être son idée de Dieu… et pour cela il avait besoin d'un vrai traumatisme !
Et pour que les choses soient bien claires, Jésus ajoute : "Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes."
Cet Evangile nous concerne… il nous pose des questions.
Sur certains points, nos pensées et notre foi sont meilleures que celles de Pierre : nous croyons que Jésusa donné sa vie pour nous sauver… un Messie crucifié ne pose plus de problème à notre foi !
Mais, comme Pierre, on a beaucoup plus de mal à entendre la suite du message : "Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive.Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et l'Evangile, la sauvera."
La vie chrétienne est habituellement une vie heureuse… mais elle peut comporter des choix qui sont crucifiants… elle peut comporter des épreuves dramatiques, comme toute vie humaine !
Et dans les grandes épreuves, un certain nombre de chrétiens se coupent de Dieu et perdent la foi. Ils ne voient pas que si le Fils de Dieu a donné sa vie, cela a du sens… et concerne notre propre destinée.
Pierre a pris Jésus par la manche pour lui faire la leçon !
Il est probable que si Jésus revenait, certains n'hésiteraient pas à le prendre par la manche pour lui expliquer que, sur tel ou tel point de la foi ou de la morale, son Evangile ne va pas du tout… que c'est totalement inadapté à la société ou à la jeunesse actuelle !
Comment peut-on avoir la foi et ne pas accepter tout L'Evangile ? Comme Pierre… on croit… mais on voudrait améliorer l'Evangile !
Jésus lui a dit : "Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes" … mais finalement, il a entendu le message, il s'est remis en question, et il est devenu le fondement de la foi de l'Eglise.
C'est aussi ce qui nous est demandé : c'est la condition pour être apôtre.
Publié le 2006-09-17