L'Evangile n'est pas égalitaire… avec cette particularité que le sommet de la hiérarchie consiste à être le dernier de tous et le serviteur de tous !Il y a une inégalité dans la grâce et dans notre réponse à la grâce… et ce n'est pas une injustice, puisque c'est une grâce, c'est-à-dire un don gratuit !
C'est d'autant moins une injustice que les plus défavorisés (les riches) n'ont, généralement, aucune envie d'échanger leur place avec les privilégiés de Dieu (les pauvres).
C'est la première des "Béatitudes… celle qui annonce et contient toutes les autres : "Bienheureux vous les pauvres, le Royaume de Dieu est à vous." (Lc 6,20) "Bienheureux"… on devrait traduire : "c'est vous les privilégiés" !
La vie chrétienne comporte donc des degrés : il y a des "états de vie" plus ou moins parfaits… et si nous regrettons d'appartenir à un degré inférieur, il ne tient qu'à nous de choisir une vie plus parfaite.
Ces "états de vie", plus parfaits, sont la réponse à ce qu'on appelle les "conseils évangéliques".
Le jeune homme riche n'a pas suivi le conseil de Jésus, mais il n'est pas condamné : "Posant son regard sur lui, Jésus l'aima." (Mc. 10,21)… sans doute en raison de sa fidélité à la Loi de Dieu.
Sa question était : "Que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ?" (Mc. 10,17) Et la réponse de Jésus : "Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d'adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, sois dévoué envers ton père et ta mère." (Mc. 10,19)
Voilà ce qui est demandé à chacun : c'est le moins qu'on puisse faire si l'on prétend aimer… et c'est le chemin que Jésus indique au jeune homme pour parvenir à la vie éternelle.
Mais il ajoute : "Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi." (Mt. 19,21)
Bien que cet appel à la pauvreté soit le plus insistant de tout L'Evangile, ce récit montre que ce n'est pas la pauvreté qui est nécessaire au salut, mais la fidélité aux commandements de Dieu.
Cependant, si Jésus propose cet idéal de pauvreté évangélique, c'est parce que les richesses sont un danger. Ce qu'il exprime par une image particulièrement forte : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu." (Mc. 10,24)
La chose n'est pas totalement impossible : "à Dieu tout est possible" (Mc. 10,27), mais une telle formule signifie que les riches doivent être d'une extrême vigilance : ils doivent se comporter, non pas en propriétaires qui auraient tous les droits, mais en administrateurs qui auront des comptes à rendre.
Devant la loi civile on peut être propriétaire et avoir certains droits (ce qui est préférable pour l'équilibre et le bon fonctionnement de la société)… mais devant Dieu, l'homme est seulement un dépositaire (Mt. 25,14-15) qui devra rendre compte de l'usage de tout ce qu'il aura reçu en ce monde.
Cela fait partie des choses qui décident de notre salut ! (Mc. 10,24)
Publié le 2006-10-15