Sur l'unité et la fraternité

4ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Parmi les gens que nous recevons à notre table, certains n'ont pas la foi, d'autres sont protestant ou juifs… et cela ne nous empêche pas d'aborder les problèmes les plus divers avec franchise et amitié.
Mais lorsqu'on se retrouve dans une rencontre plus ou moins officielle entre protestants et catholiques, on ne sait plus très bien ce qu'il convient de dire ou de ne pas dire ! On est tenté de parler une sorte de langue de bois oecuménique qui évite les problèmes de fond et tout ce qui risquerait d'entraîner une polémique… et il est de bon ton de regarder nos différences comme des broutilles !

Existe-t-il une autre voie ? Est-il possible d'être amical et de parler, en toute vérité, de notre foi ?
Il semble que s'il est possible d'être amis, dans les circonstances les plus diverses, avec les gens les plus différents, on puisse, à plus forte raison, être amical avec des hommes et des femmes qui partagent le même amour de l'Evangile, la même foi en Jésus Christ, les mêmes conceptions sur la droiture, le partage et le respect des personnes.

Que l'on parvienne ou non à un rapprochement total avec nos frères protestants, nous pouvons nous aimer et nous comprendre, sans rien dissimuler.

Si un tel rapprochement doit avoir lieu, il ne pourra pas faire l'impasse sur nos différences et notre passé.
On ne parviendra pas à l'unité sans se parler en vérité… il ne suffira pas de s'aimer aveuglément !
Il faut trouver la façon d'être, à la fois, différent et amical !
Faire comme si nous n'étions pas différents serait trahir notre foi et la foi de l'Eglise… et, dans cette hypothèse, rien de ce qu'on pourra faire ou dire ne fera avancer l'unité.

Par ailleurs, si nous prétendons faire progresser l'unité des chrétiens séparés, il nous faut commencer par être artisans d'unité à l'intérieur de l'Eglise : nous accepter différents, parler de nos différences, essayer éventuellement de nous convaincre… mais en restant fraternels.
Ce qui caractérise une Paroisse : ce sont des différences de condition sociale, de milieu et d'opinion : c'est une communauté dans laquelle on ne se choisit pas !
Une paroisse est donc une bonne image de l'Eglise : notre appartenance au Christ est l'essentiel, de telle sorte que tout le reste apparaît comme secondaire.

Saint Paul rappelle à ses frères dans la foi qu'ils sont incorporés au Christ : ils sont un même corps avec lui. L'Evangile de Jean dit que nous sommes une même plante avec le Christ : les branches d'un même arbre, recevant la même sève de la vie divine.
On peut, à l'intérieur de l'Eglise, ne pas être d'accord sur tout… on peut discuter de branche à branche… mais on ne peut pas dire au tronc, d'où nous vient la sève, qu'on ne supporte plus la branche d'à côté !

Cet apprentissage de la tolérance est indispensable à l'intérieur de l'Eglise… il est aussi une condition pour que notre dialogue avec nos frères séparés puisse porter des fruits.

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