Un Dieu présent

3ème dimanche de Carême de l'année B

Quand on ouvre une Bible à la première page, dans le livre de la Genèse, on trouve les deux récits de la création du monde.
Ce sont peut-être des récits un peu imagés… mais, en tout cas, ils veulent dire que Dieu est unique, qu’il est tout puissant, et qu’il est le Créateur de l’univers.
Et on se dit que la révélation de Dieu, dans l’Ancien Testament a commencé par là.

En réalité, les deux récits de la création du monde ne sont pas les textes les plus anciens de la Bible… ils ont été écrits des siècles après Moïse.
Quand Dieu s’est révélé à son peuple d’Israël, il n’a pas commencé par leur dire qu’il était unique et tout puissant.

Dans l’histoire d’Abraham, Dieu se manifeste avant tout, comme un Dieu proche… un Dieu qui a choisi Abraham… qui l’a appelé… et ensuite qui l’a accompagné tout au long de sa vie… un Dieu proche et amical.

Même avec Moïse, Yahvé ne dit pas qu’il est un Dieu unique… il dit à Moïse : «Tu n’auras pas d’autres dieux que moi.»
Moïse, comme ses contemporains, croyait que chaque peuple avait son Dieu.
La nouveauté, c’est que Yahvé se révèle comme un «Dieu jaloux»… c’est-à-dire un Dieu qui exige d’être servi à l’exclusion de tous les autres.

Le peuple d’Israël n’a pas le droit d’adorer les autres dieux !
Par rapport aux peuples païens, c’était déjà une grande nouveauté.
Mais la plus grande nouveauté, ce sera quelques siècles plus tard… quand le prophète Isaïe comprendra qu’il n’existe pas d’autre Dieu.
Et ensuite, après Isaïe, le livre de la Genèse dira que ce Dieu unique est le Créateur : c’est lui qui fait exister l’univers.

Donc, au cours de l’histoire : Yahvé s’est manifesté d’abord comme un Dieu proche… et seulement plus tard comme le Dieu unique et Tout Puissant.

Le Dieu auquel nous croyons n’est pas un Dieu lointain… c’est un Dieu qui prend de la place dans notre vie… parce qu’il nous aime avec tendresse… Les gens qui nous aiment prennent toujours beaucoup de place… et naturellement, il demande à être aimé par dessus tout.

Mais Dieu n’est pas jaloux des autres personnes.
Au contraire… il nous demande aussi de nous aimer entre nous… et c’est justement pour cela qu’il donne ses commandements à Moïse.

On dit parfois que l’Ancien Testament était une religion des commandements… et que l’Evangile est une religion de l’amour.
En fait, l’amour était déjà dans l’Ancien Testament… et les commandements sont toujours là dans l’Evangile.
L’amour et les commandements ont toujours été inséparables.

Les commandements sont justement là pour nous dire en quoi consiste l’amour : aimer, c’est respecter ses parents, c’est se garder du meurtre, de l’adultère, du vol… et de la calomnie qui détruit les réputations…
Les mauvaises langues, c’est terrible… cela détruit une communauté.

Il y a eu un progrès de la Révélation… mais depuis toujours, c’est une révélation de l’amour.
Le Commandement d’aimer Dieu par dessus tout vient de l’Ancien Testament.
Et les commandements que nous venons d’entendre résument les aspects les plus indispensables de l’amour du prochain.
Certains croient que l’Évangile les dispense d’observer les commandements… Pas du tout !
Quand le jeune homme riche demande à Jésus ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle, Jésus lui répond : «Observe les commandements», et il précise : «Ne commets pas de meurtre, d’adultère, de vol, de calomnie… respecte ton père et ta mère… et aime ton prochain comme toi même».

Toute cette Révélation qui avait progressé dans l’Ancien Testament, on la voit aboutir dans l’Evangile. Là aussi on trouve un Dieu unique, éternel et tout puissant… mais on a l’impression que là-dessus, tout le monde est d’accord… et l’Evangile n’insiste pas.
Par contre, il insiste, plus que jamais sur le fait que Dieu est proche.
Au commencement, avec Abraham Dieu s’était révélé comme un Dieu proche… c’est ce qu’on retrouve à la fin avec Jésus : c’est le plus important.
Ensuite, Jésus nous dit ce que Dieu attend de nous : il attend de nous un un amour qui consiste à observer ses commandements.

Si Dieu était lointain, il n’attendrait rien de nous : il n’aurait pas d’exigences… et il serait étranger à notre vie.
Mais si Dieu est proche… et s’il nous aime… il attend de nous une réponse à son amour… Il veut prendre place en notre vie.

Jésus aussi est proche de nous, et il le dit d’une façon particulière dans cet Évangile… il dit : «Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai.»
Le Temple de Jérusalem était, pour les Juifs, le lieu de la présence de Dieu.
Jésus aurait pu dire que, dans la Nouvelle Alliance, il n’y aurait plus de Temple… il préfère dire qu’il sera lui-même… le Temple de la Nouvelle Alliance.
«Le Temple dont il parlait, c’était son corps.» écrit Saint Jean… Autrement dit, c’est lui en personne.

Jésus de Nazareth, le Fils de Dieu, a pris la place du Temple… désormais, c’est lui qui est le lieu de la présence de Dieu, et de la rencontre de Dieu.
C’est lui que nous rencontrons, aujourd’hui, dans cette Eucharistie.
La présence de Dieu n’est pas dans un lieu particulier comme le Temple de Jérusalem… partout où l’Eucharistie nous est donnée, Dieu est là.
Jésus est le vrai temple… faire la rencontre de Jésus, c’est faire la rencontre de Dieu.
C’est pour cela que vous êtes venus ce matin… c’est pour le rencontrer dans l’Eucharistie.

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