Si le Carême est vraiment un temps de rencontre du Christ… un temps de communion plus fervente avec les personnes divines… on ne peut pas dire que ce soit un mauvais moment de l’année liturgique !
Je sais que certains sont très méfiants par rapport à la prière… il pensent qu’il faut prendre garde de ne pas se réfugier dans la prière… et oublier nos frères qui sont proches !
La prière n’est pas un refuge… ce n’est pas une solution de facilité.
La prière, qui devrait être notre plus grand bonheur, n’est jamais facile… donner du temps à Dieu… c’est toujours s’arracher un peu à soi-même… à ses petites affaires… ce n’est pas un refuge… c’est vraiment une conversion… c’est, chaque jour, une remise en cause de notre mode de vie et de nos priorités… c’est une remise en cause… pour aimer… pour rencontrer celui qui nous a aimés jusqu’à donner sa vie.
Rencontrer Jésus Christ… c’est tout un mode de vie… ce n’est pas une chose qu’on ferait… à l’exclusion des autres… ou au détriment des autres.
On ne peut pas vraiment le rencontrer si on refuse d’aimer ceux qu’il appelle les plus petits d’entre ses frères :
“Ce que vous faites pour les plus petits d’entre les miens, c’est pour moi que vous le faites.”… en eux, c’est moi que vous rencontrez !
Il n’y a pas de rencontre du Christ sans une fidélité à tout l’Evangile… et cette fidélité doit nous transformer… elle nous transforme pour que le contact avec lui soit possible… la conversion nous met en phase avec lui : elle rend possible la rencontre.
C’est pour cela que le Carême n’est pas triste… une conversion, cela peut être dur, mais ce n’est pas triste… c’est une purification pour devenir apte à une rencontre qui est un cadeau de Dieu… un cadeau qui dépasse tout ce que les hommes auraient pu espérer.
Idée courante de nos jours… on oppose : faire les choses par amour, ou les les faire par devoir ou par obligation !
Il n’y a pas d’opposition.
Agir par amour, ce n’est pas toujours agir par plaisir !… Jésus est mort sur la croix par amour.
Celui qui ne veut rien sacrifier ne peut pas aimer… il peut mettre en pratique l’amour de soi… mais pas vraiment l’amour des autres !
Cet Evangile nous indique trois pistes… trois grands chemins de conversion : l’aumône (le partage)… la prière… le jeûne (pénitence).
Trois grands moyens d’aimer… à condition de ne pas en faire des sortes de performances spirituelles !
Jésus nous met en garde… c’est le risque dans un milieu très religieux, comme celui auquel il s’adressait dans cet Evangile.
On fait l’aumône… on pratique le partage… par amour… et non pas pour se faire admirer !… Il est vrai que l’homme est compliqué !
C’est pourquoi Jésus pense utile de nous mettre en garde :
“Quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle ! ”
L’orgueil va se nicher partout… et chacun de nous doit être attentif… s’interroger sur ses motivations.
“Toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite”… si tu le fais par amour, tu le feras discrètement !
En tout cas : il va de soi qu’on ne peut pas aimer si on ne partage pas !
La prière… dans un milieu hyper-religieux comme la Judée des années 30, on pouvait se prévaloir socialement d’être un homme de prière… tentation qui peut également exister à notre époque dans certains contextes !
La prière n’est pas un exploit… c’est une rencontre :
“Toi, quand tu veux prier, retire-toi dans ta chambre, ferme la porte, et prie ton Père… il est là dans le secret.”
La Pénitence ou la conversion.
Dans le texte grec de l’Évangile, c’est le même mot que l’on traduit parfois par «pénitence», parfois par «conversion».
Il ne s’agit pas de se faire du mal pour faire plaisir à Dieu… mais de plaire à Dieu, même si c’est difficile… c’est ce qu’on appelle la fidélité.
La vraie pénitence, ou la vraie conversion, c’est être fidèle à l’Evangile quel qu’en soit le prix ou la difficulté… être fidèle à l’amour… même si c’est un déchirement !
La vraie conversion, c’est observer les commandements… tous… même si cela nous fait mal.
C’est pourquoi Jean précise qu’aimer c’est observer les commandements.
Il n’est pas possible d’aimer si on ne veut rien sacrifier !
Ce qui nous ramène à cette idée à la mode, dont on parlait il y a un instant :
On veut bien prier… si on en ressent l’envie… on veut bien participer à l’Eucharistie… si, par hasard, on en ressent le besoin !
Et ainsi pour les Commandements… on veut bien les observer… si on sent les choses… on veut bien les observer, à condition que ce ne soit pas une contrainte ni une obligation !
On ne veut rien sacrifier… alors que Jésus a tout sacrifié par amour !
Il nous apprend à aimer… et aimer : c’est, au moins, rester fidèles aux Commandements… se couler dans ce qui est la volonté de Dieu !
C’est pourquoi l’amour véritable comporte un aspect de conversion et de pénitence.
Une pénitence ou une conversion : c’est se purifier de l’égoïsme et du péché pour être libres… libres pour la rencontre de Dieu.
Et, en cela, le Carême n’est pas triste : “quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu” nous dit Jésus !
“Toi, quand tu veux prier, retire-toi dans ta chambre, ferme la porte, et prie ton Père… qui est là dans le secret.”
Peut-on imaginer un plus grand bonheur ?
Le Seigneur nous invite à ne pas nous priver de ce bonheur… faire la rencontre de Celui qui nous aime comme personne ne peut nous aimer.
Publié le 2015-03-21