L’Esprit qui fait de nous des frères

Sainte Trinité de l'année B

On pourrait avoir l’impression que la révélation des trois personnes divines est un message très abstrait… qui ne concerne pas directement notre vie quotidienne de chrétiens.
Jésus lui-même nous dit que le grand commandement consiste à aimer… c’est le commandement qui résume la Loi et les Prophètes… on pourrait donc penser que ce commandement est bien plus important que des vérités difficiles à comprendre… l’amour, au moins, c’est du concret.

Et pourtant, si Jésus nous révèle le mystère des trois personnes divines, cela ne peut pas être un aspect secondaire de notre foi.
Le «Je crois en Dieu» que nous allons dire ensemble comporte trois parties… qui disent notre foi en chacune des personnes divines.

D’ailleurs, l’amour que Jésus demande à ses disciples, c’est avant tout l’amour du Père : c’est le premier commandement : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et par dessus tout.»
On ne peut pas l’aimer sans le connaître… c’est pourquoi Jésus nous révèle qu’il n’est pas seulement notre Dieu, mais aussi notre Père… qu’il nous a aimés le premier… d’un amour intense… comme un Père aime ses enfants.

Si Jésus, le Fils unique de Dieu, s’est fait homme et s’est révélé à nous, c’est pour la même raison : c’est pour nous dire son amour… et pour que nous puissions répondre à cet amour.
Il a dit : «Celui qui m’aime observera mes paroles… celui qui ne m’aime pas ne pourra pas observer mes paroles.» (Jn. 14, 23-24)
Vous voyez que sans l’amour du Christ, on ne peut pas mettre en pratique son Évangile.

Quant à l’Esprit Saint, c’est un esprit de foi et d’amour.
Saint Paul explique que la foi et l’amour sont des charismes : les dons de l’Esprit les plus importants… chacun de nos actes de foi est inspiré par l’Esprit… et plus encore chacun de nos actes d’amour.

Quand l’Évangile ou saint Paul parlent des trois personnes, c’est toujours par rapport à nous.
S’ils parlent du Père, c’est pour dire qu’il est notre Père : que sa bienveillance, sa tendresse et sa patience sont celles d’un Père… qu’il nous connaît et nous aime comme personne ne pourra jamais nous aimer.

Jésus nous dit : «Toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre, ferme la porte et ton Père est là dans le secret.»… tu peux le rencontrer et vivre un temps de cœur à cœur avec lui.
On raconte qu’un saint breton, au Moyen Âge, n’était pas très instruit… il récitait surtout le «Notre Père»… ou du moins il essayait… mais en général, il n’y arrivait pas… il disait les premiers mots : «Notre Père»… et l’amour le submergeait à un tel point qu’il ne pouvait pas aller plus loin.

Et pour Jésus, le Fils de Dieu, c’est pareil… ce que l’Évangile nous dit avant tout, c’est la relation qu’il a avec nous.
Si le Fils de Dieu est venu jusqu’à nous… c’est pour que, nous aussi, nous devenions des fils… s’il a donné sa vie, c’est pour nous dire à quel point il nous aimait… et jusqu’où il voulait aller pour que nous soyons pardonnés.
Et il reste présent… chaque jour, chacun de nous peut le rencontrer :
«Je suis avec vous tous les jours…»

Et ce qu’il nous dit de l’Esprit Saint nous touche personnellement… puisque c’est l’Esprit qui fait de nous des fils.
“Vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour tomber dans la crainte, mais un Esprit de filiation adoptive dans lequel nous crions : Abba.”
Il fait de nous des enfants de Dieu :
“L’Esprit lui-même révèle à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu : enfants, et donc héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être glorifiés avec lui.” (Rom.8, 15-17)

En quelques lignes, saint Paul dit notre relation à chacune des personnes… Texte à relire cette semaine dans notre temps de prière.
Nous sommes héritiers avec le Christ… nous partageons sa condition de Fils… parfois ses souffrances et ses détresses… mais nous sommes appelés à partager son héritage éternel.

Si l’Esprit Saint fait de nous des fils, cela veut dire aussi qu’il fait aussi de nous des frères.
Etre fils de Dieu, cela veut dire : avoir, entre chrétiens, un comportement de frères… au minimum se dire bonjour, se parler… et si possible s’entraider, partager les joies et les peines de chacun, être disponible les uns pour les autres.

Entrer en relation avec les personnes divines… ce n’est pas échapper au quotidien… ce n’est pas échapper à cette vie avec ses responsabilités, ses bonheurs et ses souffrances.
C’est cette vie de tous les jours qui est transfigurée… qui prend une autre dimension.
Chaque activité… chaque joie… chaque difficulté… devient un moment de notre communion avec les personnes divines.

Si nous prenons le temps de prier… de vivre en présence de Dieu notre Père… de vivre en présence de Jésus son Fils… et de l’Esprit Saint qu’il a mis dans nos cœurs… c’est toutes nos relations avec les autres qui sont transformées :
Notre vie familiale et notre vie professionnelle ont une autre qualité.
L’amour est le premier don de l’Esprit… lui seul peut donner cette qualité nouvelle à chacune de nos relations avec les autres.
“Vous n’avez pas reçu un esprit d’esclavage pour tomber dans la crainte, mais un Esprit qui fait de vous des fils”… et qui fait de nous des frères.

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