Avoir faim du Christ

19ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

«Au désert, vos pères ont mangé la manne et ils sont morts, mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas.»

Ce qu’était la manne, on ne le sait pas… et cela ne change rien à notre foi.
Ce qui nous intéresse, c’est ce que Jésus nous en dit.
Il utilise ce langage et cette ancienne tradition d’Israël pour nous dire son message… nous dire ce qu’est sa mission… et nous dire ce qu’est l’Eucharistie.
Saint Jean ne fait pas le récit de l’institution de l’Eucharistie… mais dans ce chapitre 6, Jésus se désigne comme la nouvelle manne… la manne véritable… le vrai pain venu «du Ciel», c’est-à-dire «de Dieu»… et un pain qui donne vraiment la vie… vie éternelle dès maintenant.

Foi et Eucharistie sont inséparables… Jésus dit :
«Celui qui croit en moi a la vie éternelle.» et un peu plus loin : «Celui qui mange de ce pain vivra éternellement.»

Foi et Eucharistie ont le même résultat : la vie éternelle.
Sans la foi, il n’y a pas d’Eucharistie… Sans la foi, l’Eucharistie n’a pas de sens… elle n’est pas une rencontre du Christ.
À l’inverse, la foi sans l’Eucharistie n’a pas, non plus, de sens… la foi sans la rencontre du Christ est une foi qui n’aboutit à rien.

L’Eucharistie c’est le Christ… il est cette nourriture… ce qu’on appelle la «la présence réelle».
Si on vous demandait ce qu’il il y a de plus important dans l’Eucharistie, vous auriez envie de dire que c’est la présence réelle : la présence du Christ.
Le pain devient corps du Christ… et pourtant, ce n’est pas le plus important, dans l’Eucharistie… En fait, si le pain devient corps du Christ, c’est pour que ses disciples deviennent eux-mêmes corps du Christ.
C’est saint Paul qui le dit : «Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps : car tous nous participons à cet unique pain.» C’est l’essentiel du Sacrement… c’est ce que dit saint Paul… et, après lui, les Pères de l’Eglise et les Conciles.

En disant qu’il s’est fait nourriture, Jésus laisse entendre qu’il nous appelle à nous assimiler à lui… à devenir ce qu’il est.
Si un lapin mange une carotte, la carotte devient lapin… ce n’est pas le lapin qui devient carotte !
Si un homme mange du pain, le pain est assimilé… il devient quelque chose de l’homme.
Eh bien, avec l’Eucharistie, c’est l’inverse : c’est nous qui sommes assimilés au Fils de Dieu… on devient fils de Dieu avec lui.

Quand Saint Paul nous dit que notre destinée consiste à devenir “Corps du Christ”… il nous semble que ce langage est difficile et qu’il doit échapper à la plupart des chrétiens… que cet aspect du message doit être incompréhensible à ceux qui ne sont pas “des sages et des savants” !

Mais le Fils de Dieu nous dit que son message peut être compris des enfants et des petits.
Et c’est vrai : tous ceux qui ont simplement communié : qui ont fait avec foi cette expérience de recevoir le Christ comme une nourriture… comprennent, mieux que les sages et les savants, ce projet de Dieu, qui est de faire de nous des fils en nous unissant à son Fils unique.

Baptême = naissance à cette vie de fils adoptifs.
Eucharistie = nourriture quotidienne de cette vie nouvelle.
Pourquoi le Baptême ne suffit-il pas ?
Sans doute parce que nous sommes des êtres dans le temps.
Dans la nature, il ne suffit pas de naître pour accomplir notre destinée.
Un enfant qu’on mettrait au monde sans le nourrir n’irait pas très loin.
Le Baptême est une naissance… mais il nous faut entretenir continuellement cette communion avec le Fils de Dieu.

La faim est une réalité quotidienne : on n’a pas faim une fois dans sa vie.
Celui qui n’a pas faim et cesse de se nourrir n’ira pas loin dans sa destinée d’être vivant !
C’est ce que Jésus nous fait comprendre quand il se définit comme nourriture… comme pain de vie… pour ses disciples.

Si le Fils de Dieu s’est fait nourriture… cela veut dire que ceux qui sont véritablement ses disciples ont faim et soif de lui : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi.”

Celui qui n’aurait ni faim ni soif, cela voudrait dire que l’amour du Christ ne signifierait rien pour lui… il serait un tiède… il serait mal parti pour cette vie que Jésus appelle ici la “vie éternelle”… et qui apparaît comme une communion avec lui.

A l’inverse, si nous avons faim et soif de lui, nous sommes bien partis dans cette destinée.
“Bienheureux” en hébreu vient du verbe “partir”.
“Bienheureux”… on pourrait traduire : “vous êtes bien partis” !

Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice ou de la sainteté… ils seront rassasiés… ils seront comblés de cette vie nouvelle qui est une communion à la condition du Fils de Dieu.
Bienheureux = vous êtes bien partis pour cette destinée éternelle.

A la fin de ce discours, Jésus dit aux Douze : “Voulez-vous me quitter, vous aussi ?” Simon-Pierre lui répondit : Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu.”

C’est un choix… Dieu n’impose rien… l’amour ne s’impose pas… mais si nous faisons ce choix, nous sommes Bienheureux… si le Christ est vraiment la nourriture dont nous avons faim.

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