(Avant la lecture de la passion)
Jésus, qui était de condition divine, n’a pas revendiqué… il n’a pas revendiqué son droit d’être traité comme Dieu… il s’est laissé traiter comme le dernier des derniers.
Déjà le carême est un moment difficile… mais la semaine sainte, on pourrait penser qu’on est à la limite du supportable… dans un instant, on va lire le récit de la passion de Jésus et de sa mort sur la croix… et ce n’est pas tout… ce que Jésus demande à ses disciples : ce qu’il nous demande… c’est de marcher à sa suite et de porter la croix.
Et on nous dit que le mot «Évangile» veut dire Bonne Nouvelle !
Mais porter la croix, ce n’est pas souffrir pour souffrir… c’est accepter de rester fidèle à l’Evangile, quoi qu’il nous en coûte de rester fidèles… et finalement c’est accepter d’aimer quel qu’en soit le prix.
Le Seigneur sait qu’il nous en coûte parfois d’être fidèles à sa parole… qu’il nous est difficile de ne pas nous détruire nous-mêmes par le péché.
Jésus, qui était le Maître et le Seigneur… a accepté de se faire serviteur.
C’est ce qu’il nous demande… c’est cela marcher à sa suite.
Être serviteur, ce n’est pas vraiment ce qu’on appelle un idéal… même si on n’a pas des rêves de pouvoir, on aime bien son indépendance.
Et pourtant, aimer, c’est toujours, plus ou moins, se faire serviteur.
Cette conversion que Jésus nous demande n’est pas arbitraire… toutes ses exigences sont les exigences de l’amour.
Elles découlent de l’amour de Dieu… du respect de soi… et de l’amour fraternel.
Jésus n’a rien revendiqué… il n’a fait que servir… et nous avons du mal à l’imiter sur ce point.
Quelle que soit notre situation sociale ou nos activités… il y a toujours des moments où nous avons le sentiment que notre honneur, nos droits, nos privilèges… n’ont pas été respectés… et là je ne pense pas particulièrement à nos relations professionnelles, mais aussi à nos relations avec nos amis… entre époux… entre parents et enfants.
On a le sentiment qu’on se moque de nous… qu’on abuse de nous… qu’on nous prend pour une tarte !
Il y a des cas où il faut réagir… quand on a la charge d’éduquer, par exemple… mais il y a aussi une multitude de circonstances où l’on devrait simplement se souvenir que l’Evangile nous invite à être serviteurs… à ne pas revendiquer… à être heureux de donner… heureux de faire le don de soi.
Et ne croyons pas que ce soit uniquement un fardeau.
On aurait tort de s’imaginer que plus on donne, plus le fardeau est lourd.
En fait : dans la mesure où on a accepté de servir le Christ… d’être serviteur de nos frères à cause de l’Evangile… on découvre une paix qui est la paix que donne le Christ.
Si on peut se libérer de cet esprit de récrimination ou de revendication on devient véritablement des êtres libres.
Si on accepte de se laisser un peu exploiter… si on a plus envie de donner que d’être considéré… on est vraiment libérés d’un poids… on devient de plus en plus capables de comprendre le secret ou le mystère que Jésus de Nazareth veut nous révéler… à nous qui célébrons sa passion.
“Le Seigneur Jésus, lui qui était de condition divine,
n’a pas revendiqué son droit d’être traité à l’égal de Dieu…
mais il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur…"
Publié le 2016-03-16