Tous sont appelés, mais tous ne sont pas élus

21ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Cet Évangile n’est peut-être pas celui qu’on aurait voulu entendre à la fin des vacances.
On demande à Jésus : “Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? ”
Vous remarquez qu’il ne répond pas directement… il dit : “Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite.”
Ce qui revient à dire : ne croyez pas que le salut soit une chose facile… peut-être parce que le salut c’est l’amour… et aimer n’est pas toujours une chose facile.

Jésus ne se prononce pas sur le nombre des élus… mais il explique avec insistance que le salut n’est pas automatique.
C’est une vérité que refusent beaucoup de nos contemporains.
Ce qui veut dire que Jésus nous demande une remise en question.

C’est une vérité qui est parfois rejetée même par des chrétiens, et pourtant c’est une parole de Jésus : “Tous sont appelés, mais tous ne sont pas élus.”

Si le salut était automatique on comprendrait mal que le Fils de Dieu ait donné sa vie… et qu’il soit mort sur la croix.
Un choix aussi dramatique n’aurait pas de sens… il serait sans proportion avec les problèmes de l’humanité.
On comprendrait mal qu’il ait passé sa vie à nous appeler à la conversion.
Et surtout : on ne comprendrait pas du tout l’Évangile d’aujourd’hui.

Ce que nous dit l’Évangile, c’est que Dieu est un Dieu d’amour… et qu’il n’a pas voulu le péché… tout ce qu’il veut, c’est le pardonner.
C’est l’homme qui veut le mal… autrement dit : l’homme est un être vraiment responsable… il a vraiment le pouvoir de refuser le salut que Dieu propose à tous… c’est le message de l’Évangile.

On retrouve ce message dans la Parabole des invités au festin… le maître de maison, lui, invite tout le monde… mais certains n’ont rien à faire de son invitation !
“Tous sont appelés.”… Dieu appelle tout le monde… il choisit tout le monde… il ne rejette personne.
Le drame… on peut dire que c’est le seul vrai drame de notre condition humaine… c’est que les hommes peuvent refuser l’invitation et se fermer au salut.

Jésus ne veut pas que nous ayons peur de Dieu… il aimerait que nous ayons plutôt peur… de nous-mêmes !
Dieu n’est pas dangereux… s’il y a un danger, il ne vient pas de Dieu… il vient de nous… Jésus veut ébranler notre confiance en nous-mêmes… du moins en ce qui concerne l’idée d’un droit au salut.
Les Pharisiens et les docteurs de la Loi étaient des hommes religieux… le grand reproche que leur fait Jésus, c’est de croire qu’ils ont droit au salut.

On ne peut jamais, tout à fait, se laisser vivre… même quand on fait partie des gens plutôt justes et honnêtes… même si on a une certaine connaissance du Christ et de son Évangile.
Notez que, dans ce récit, Jésus s’adresse à des hommes relativement religieux… en tout cas à des hommes qui ne sont pas hostiles :
«Vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. Il vous répondra : Je ne sais pas d’où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal.»
Ils ne sont pas hostiles… et pourtant, ils se sont rendus étrangers au salut que Dieu aurait voulu leur donner : ils font le mal.

Jésus nous demande de ne pas avoir trop facilement bonne conscience… ce qui est une autre façon de dire qu’il veut nous apprendre à aimer… et à progresser dans l’amour.
Question : quelle est la qualité de mon amour de Dieu ?… Est-il présent dans ma vie ? Est-ce que je lui donne vraiment la priorité ?

Quelle est la qualité de mon attention aux autres… de ma disponibilité ?
Est-ce que je suis sensible ou insensible aux pauvretés de toutes sortes ?
Est-ce que je fais un effort de lucidité et de partage ?

C’est ce que Jésus appelle “entrer par la porte étroite”… ne jamais se dire qu’on en fait bien assez… garder le souci d’aller un peu plus loin dans les exigences de l’amour.
“Entrer par la porte étroite”, c’est se laisser ébranler par l’Évangile.
Ne pas se dire trop vite qu’on en fait bien assez pour les autres.

C’est aussi une invitation à entretenir un certain esprit missionnaire… et cet Évangile nous y invite d’une façon évidente.
Si tous ne sont pas sauvés, cela veut dire que le plus grand acte d’amour que l’on puisse faire envers nos frères les hommes, c’est de leur faire découvrir le Christ.

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