Il nous arrive d’admirer le charisme de tel ou tel, et parfois de l’envier. Ce que le Seigneur nous demande, c’est plutôt de découvrir et de mettre en œuvre notre charisme propre.
Le chapitre IV explore les différentes façons d’évangéliser. Nous avons tous le même projet, mais nos charismes sont divers, et il n’est pas demandé à chacun d’être apôtre de la même façon.
En tout premier lieu, Paul VI mentionne le témoignage de la vie :
41. Le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres — disions-nous récemment à un groupe de laïcs — ou s’il écoute des maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ».
Il mentionne ensuite la prédication : dans la mesure où elle fidèle à la parole du Christ, la puissance de Dieu agit en elle et elle touche les cœurs.
42. Il n’est pas superflu de souligner, ensuite, la portée et la nécessité de la prédication (de l’Évangile) : « Comment croire sans d’abord l’entendre ? Et comment l’entendre sans prédicateur ? … Ainsi la foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ. » (Rom. 10,14 & 17) … La parole reste toujours actuelle, surtout lorsqu’elle est porteuse de la puissance de Dieu.
Saint Paul ne se mettait pas en avant. Il s’effaçait derrière la personne du Christ : « Moi-même, quand je suis venu chez vous, frères, ce n’est pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le mystère de Dieu. Car j’ai décidé de ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Aussi ai-je été devant vous faible, craintif et tout tremblant : ma parole et ma prédication n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, mais elles étaient une démonstration faite par la puissance de l’Esprit, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (I Cor. 2,1-5)
Dans l’ordre des urgences, le pape mentionne ensuite la catéchèse qui est l’annonce de l’Évangile à ceux qui seront l’Église de demain :
44. Une voie à ne pas négliger dans l’évangélisation est celle de l’enseignement catéchétique. L’intelligence, surtout celle des enfants et des adolescents, a besoin d’apprendre, moyennant un enseignement religieux systématique, les données fondamentales, le contenu vivant de la vérité que Dieu a voulu nous transmettre … [il faut aussi] éduquer des habitudes de vie chrétienne.
Le pape encourage l’usage de la radio et de la télévision :
45. Dans notre siècle marqué par les “mass media” ou moyens de communication sociale, la première annonce, la catéchèse ou l’approfondissement ultérieur de la foi, ne peuvent pas se passer de ces moyens : mis au service de l’Évangile, ils sont capables d’étendre presque à l’infini le champ d’écoute de la Parole de Dieu, et ils font arriver la Bonne Nouvelle à des millions de personnes.
Cependant, aucun de ces moyens de communication, si puissants soient-ils, ne peut remplacer la rencontre de personne à personne : celle qui transmet à son entourage le peu de Jésus Christ que l’on a découvert.
46. C’est pourquoi, à côté de cette proclamation de l’Évangile sous forme générale, l’autre forme de sa transmission, de personne à personne, reste valide et importante. Le Seigneur l’a souvent pratiquée, et les Apôtres aussi. Y aurait-il au fond une autre manière de livrer l’Évangile, que de transmettre à un autre sa propre expérience de la foi ?
Chaque Sacrement étant une rencontre du Christ, et l’évangélisation consistant à amener ses frères à la rencontre du Christ, il va de soi que notre mission première est de les conduire vers les Sacrements, et, en particulier vers l’Eucharistie.
47. Par ailleurs, on n’insistera jamais assez sur le fait que l’évangélisation ne s’épuise pas dans la prédication et l’enseignement d’une doctrine …
L’évangélisation déploie ainsi toute sa richesse lorsqu’elle réalise la liaison la plus intime, et mieux encore une intercommunication jamais interrompue, entre la parole et les sacrements.
Le pape mentionne enfin la « piété populaire » qui ne doit pas être méprisée, même si elle comporte des risques de déviation, mais qui doit être encouragée et guidée vers une plus grande fidélité à l’Évangile.
On aurait tort de considérer comme fastidieuse cette énumération des formes diverses d’évangélisation. Elle nous montre, au contraire, que les plus essentielles sont à notre portée.
Paul VI va jusqu’à se demander s’il existe « au fond une autre manière de livrer l’Évangile, que de transmettre à un autre sa propre expérience de la foi ? »… c’est-à-dire : de témoigner auprès de notre oikos.
Si certains ont l’impression que l’étude de cette lettre apostolique ne nous apprend rien de très nouveau, c’est sans doute parce que le projet des cellules s’est beaucoup inspiré de ce document.
Cela signifie, en tout cas, que notre règle de vie n’est pas un chemin de traverse. Plus nous lui serons fidèles, plus nous serons proches de ce que l’Église attend des disciples du Christ.
Frères et sœurs, que le Seigneur vous bénisse, vous et tous ceux que vous prenez par la main pour les amener à lui.
Publié le 2012-06-01