Frères et sœurs, la “vie éternelle” dont parle le Symbole des Apôtres est appelée “vie du monde à venir” dans le Symbole de Constantinople.
Jésus emploie aussi le mot “Paradis”… il dit au bon larron : “En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis.” (Lc 23,43)
Jésus dit : “aujourd’hui”, ce qui suppose que la vie éternelle est donnée à chacun des élus, au terme de sa vie sur terre, à la différence de la résurrection qui est promise au terme de l’histoire, à toute l’humanité.
Il dit également “tu seras avec moi” ; cette vie éternelle est donc une vie avec le Christ, parce qu’il n’y a pas de vie éternelle sans lui et sans la filiation adoptive qu’il donne à tous ceux qui sont sauvés.
Et comme vous le savez, saint Paul précise que cette “vie éternelle” n’est pas réservée aux croyants : elle est l’aboutissement de la “persévérance à faire le bien” (Rom. 2,7), y compris pour ceux qu’il appelle les “païens” (ceux qui ne connaissent pas la Parole de Dieu), ceux, du moins, qui agissent selon leur conscience (Rom. 2,15) et qui “sans avoir de loi, font naturellement ce qu’ordonne la Loi.” (Rom. 2,14)
La résurrection.
La résurrection de Jésus nous concerne directement sur deux points importants : parce qu’elle le rend présent dans son Église… et parce qu’elle nous révèle et nous manifeste ce que doit être notre destinée.
La dernière parole du ressuscité : “Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde” (Mt 28,20), est une parole qui nous dit le sens de la résurrection.
Celui qui s’était fait homme pour être proche de ses disciples : pour être à la fois, leur Seigneur, leur ami et leur frère… nous révèle qu’il reste, par son humanité ressuscitée, présent au milieu des siens.
En ressuscitant, Jésus nous révèle, mieux que par tous les discours, non seulement qu’il nous appelle à une autre vie… mais qu’il nous appelle à une résurrection identique à la sienne : “Si nous sommes déjà en communion avec lui par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable à la sienne.” (Rom. 6,5)
La formule du Symbole des Apôtres : “résurrection de la chair” n’est pas très heureuse, si on entend par là que nous retrouverons notre condition actuelle de chair et de sang.
Saint Paul écrit aux Corinthiens (ce qui est une Parole de Dieu au même titre que l’Évangile) : “Frères, voici ce que j’affirme : la chair et le sang ne peuvent pas hériter du Royaume de Dieu, ni la corruption hériter de l’incorruptibilité … tous, nous serons transformés.” (I Cor. 15,50-51)
La résurrection ne sera pas charnelle… ce sera une vie « transformée » : une vie radicalement différente de notre vie actuelle.
Pour éviter toute interprétation erronée, le Symbole de Constantinople, qui, à la différence du Symbole des Apôtres, est un texte dogmatique reconnu par plusieurs Conciles, a préféré la formule : “J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir.”
De même que la présence du ressuscité, aujourd’hui, au milieu de ses disciples n’est pas une présence charnelle, visible et tangible… notre résurrection, comme la sienne, ne sera pas “charnelle”.
Saint Paul multiplie les images pour nous dire que cette vie sera tout autre. Il est vrai qu’aucune de ces images ne peut entièrement satisfaire notre curiosité (I Cor. 15,35-50) dans la mesure où il ne dit pas vraiment ce qu’est la résurrection… mais plutôt ce qu’elle n’est pas.
Le Nouveau Testament, précise cependant que notre résurrection n’est pas une réalité prochaine, mais pour le “dernier jour.” (Jn 6,54).
De même que Jésus n’est pas ressuscité à l’instant de sa mort, mais “le troisième jour”, notre résurrection ne suivra pas l’instant de notre mort, et elle ne doit pas être confondue avec la survie de notre esprit.
La résurrection n’est pas promise à chacun au terme de sa vie, mais à l’humanité au terme de son histoire.
Saint Paul écrit : “En effet, puisque la mort est venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts : comme tous meurent en Adam, dans le Christ tous recevront la vie ; mais chacun à son rang : en premier le Christ, et par la suite, ceux qui appartiennent au Christ, lors de sa venue.” (I Cor. 15,21-23)
Le dogme du péché originel signifie que c’est l’humanité dans son ensemble qui a perdu la sainteté originelle.
De même, à la résurrection finale, c’est l’humanité dans son ensemble qui ressuscitera… au terme de son histoire terrestre.
Par le premier péché, la mort est entrée dans le monde, et elle fera partie de l’histoire de l’humanité jusqu’à son terme.
De même que le péché et la mort ont été l’héritage de toute l’humanité, dès l’origine de son histoire, c’est également toute l’humanité qui héritera de la résurrection, au terme de son histoire.
On peut dire, enfin, que la résurrection sera l’achèvement de notre salut… et donc l’achèvement de notre filiation adoptive.
Notre relation au Christ sera toujours une incorporation, et notre relation au Père une relation filiale… mais l’Évangile semble indiquer que la résurrection donnera à ces relations une forme nouvelle :
“A la résurrection d’entre les morts… ils sont pareils aux anges, et ils sont fils de Dieu, étant fils de résurrection.” (Lc 20,35-36)
Ce qui suggère que la communion de tous les élus à la personne du Fils recevra une dimension nouvelle : notre filiation adoptive parvenant à sa plénitude par la résurrection.
Que le Seigneur Jésus, devenu présent chaque jour par sa résurrection, vous accompagne dans votre mission.
JC.P.
Publié le 2010-06-14