Le pardon

Frères et sœurs, la Bonne Nouvelle que Jésus est venu nous donner est celle d’un Dieu qui veut pardonner les péchés… parce qu’il veut que nous soyons ses enfants.
C’est un sujet que nous avons déjà abordé dans le 14e enseignement sur le Symbole des Apôtres : “Je crois … à la rémission des péchés.”
Dieu étant Tout puissant, on suppose généralement qu’il peut faire pratiquement n’importe quoi… Ce n’est pas tout à fait vrai.
Puisque Dieu a fait de nous des êtres libres, il y a des choses qu’il ne peut plus faire : il ne peut pas nous imposer d’accepter son amour… il ne peut pas nous imposer d’accepter son pardon.
Dans la Parabole de la brebis perdue, le berger, qui représente Dieu, “réunit ses amis et ses voisins, et leur dit :Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, ma brebis qui était perdue.” (Lc 15,6)
Il dit : “Réjouissez-vous avec moi”… et la conclusion de la Parabole explique la raison de cette joie : c’est que la brebis retrouvée représente le pécheur qui se convertit :
“Je vous le déclare, dit Jésus, c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit …” (Lc 15,7)
Et, comme vous le savez, la “joie dans le ciel”, dans le langage de l’Évangile, c’est la “joie de Dieu”.
Notre Dieu veut toujours pardonner… mais il ne peut le faire que si nous acceptons de tomber à ses pieds et de nous reconnaître pécheurs : si nous acceptons de nous laisser pardonner… et de nous laisser aimer.
On peut dire que Dieu lui-même nous supplie de ne pas nous détruire nous-mêmes, et de nous laisser réconcilier avec lui :
Par moi, écrit saint Paul aux Corinthiens : “c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu.” (II Cor. 5,20)
N’en concluez pas que nous sommes les rois et que Dieu est à nos pieds !
Nous n’avons aucun droit à son pardon… la seule chose qui soit en notre pouvoir est de le recevoir ou de le rejeter.
Il nous l’offre et ne cessera de nous l’offrir chaque jour de notre vie.
Il ne nous doit rien : c’est un cadeau totalement gratuit… il nous l’offre uniquement par amour.
Comment faire pour accueillir un tel don ?
En lui disant : “Seigneur je n’ai aucun droit à ton pardon… je peux seulement m’en remettre à ta tendresse… et toi, si tu veux, tu peux me pardonner et me sauver.”
C’est ce que Jésus appelle avoir un “cœur de pauvre”… et vous comprenez pourquoi c’est la première des Béatitudes :
“Bienheureux ceux qui ont un cœur de pauvre :le Royaume des cieux est à eux.” (Mt 5,3)
S’en remettre ainsi à la tendresse de Dieu, est un acte de foi… et, en même temps, un acte d’amour.
Cet acte d’amour est ce qu’on appelle une contrition parfaite.
Il ne faut pas l’imaginer comme un amour parfait… un amour sans limite et sans défaut.
C’est simplement une contrition par amour : on regrette ses péchés parce qu’on se sait aimé de Dieu… et qu’on veut répondre, avec notre pauvreté, à un tel amour.
On ne parvient pas seul à une contrition parfaite… on peut seulement la désirer : avoir faim et soif… et la recevoir de Dieu :
“Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice (ou de sainteté) :ils seront rassasiés.” (Mt 5,6)
Recevoir une contrition parfaite… et recevoir le pardon de ses péchés c’est la même chose.
Il n’y a que l’amour qui puisse nous donner le pardon… et cet amour est le premier des dons de Dieu.
On imagine quelquefois que celui qui reçoit l’absolution peut recevoir le pardon sans avoir à aimer !
Personne ne peut recevoir le pardon sans la charité.
Pour saint Thomas d’Aquin, qui est sans doute le plus grand théologien du Moyen Âge, si la Réconciliation nous donne le pardon de Dieu, c’est parce que la grâce du Sacrement consiste à recevoir une contrition parfaite.
Celui qui se confesse de ses péchés se met aux pieds du Seigneur… et lui dit : “Seigneur, je te demande pardon… je ne sais pas ce que valent mes regrets… je ne sais pas si ma contrition est parfaite… mais toi, Seigneur, tu peux la transformer par ton Esprit d’amour… tu peux la renouveler de l’intérieur pour qu’elle soit un acte de charité.”
La “foi qui sauve” consiste à se désapproprier de tout… c’est un acte de confiance et d’abandon à la tendresse de Dieu : “Seigneur je n’ai aucun droit à ton pardon… mais toi, si tu veux, tu peux me sauver.”
Que Dieu vous bénisse, lui qui aime pardonner.
JC.P.

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