Frères et sœurs, un des problèmes qui revient souvent lors de nos rencontres du samedi matin est la difficulté persistante, pour quelques uns d’entre nous, de cerner et de servir notre oikos.
Il est intéressant de noter que certains pensent ne pas avoir d’oikos… les uns parce qu’ils n’ont pas d’activité professionnelle… et d’autres parce qu’ils ont une activité trop prenante.
Vous remarquez que, s’ils avaient raison, les uns et les autres, toute évangélisation serait impossible.
Ce qui permet de supposer qu’en réalité, notre témoignage de foi n’est pas conditionné par de telles circonstances extérieures. C’est l’intuition première qui est à l’origine des cellules d’évangélisation.
En fait, il n’existe pas de circonstances où l’on puisse dire : “Dans ces conditions, ou dans ce contexte, je ne peux pas évangéliser !”
Ceux ou celles qui sont retraités ou n’ont pas d’activité professionnelle, ou qui n’ont pas ou plus de charges familiales, ne doivent pas dire : “Je ne rencontre personne… je n’ai pas d’oikos !”
La seule question qu’ils doivent se poser est celle-ci : “Où est mon oikos ? Qui est mon oikos ?”
Ceux qui travaillent beaucoup doivent se poser la même question.
Ils ne doivent, en aucun cas, dire qu’ils n’ont pas le temps… tout simplement du fait que ce qui leur est demandé, ce n’est pas du temps en plus !
S’ils trouvent déjà le temps de la rencontre de cellule et de l’oraison hebdomadaires, l’évangélisation n’est pas du temps en plus… c’est une manière d’être… qui vaut pour tout le temps que Dieu nous donne.
Cela vaut pour le temps du repos, qui doit être un vrai repos… pour le temps donné à la famille, qui est notre premier oikos… et pour le temps du travail, qu’on ne fera pas moins bien, mais peut-être mieux !
On ne peut pas être témoin sans l’Esprit… et on ne peut pas être témoin sans l’Église : sans une communauté fraternelle… le rôle du partage étant de nous entraider : de nous aider à concilier repos, famille, relations d’amitié, travail, prière et témoignage.
Rappelez-vous que les Apôtres, après la résurrection, n’envisageaient pas un instant de témoigner de cet événement et de leur foi.
Pierre lui-même avait dit : “Je ne connais pas cet homme.” (Mt 26,72)
Depuis, il avait retrouvé la foi, mais la peur empêchait les disciples d’être des témoins : “Le soir de ce même jour qui était le premier de la semaine, alors que, par crainte des Juifs, les portes de la maison où se trouvaient les disciples étaient verrouillées, Jésus vint, il se tint au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. » Tout en parlant, il leur montra ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie.
Alors, à nouveau, Jésus leur dit : « La paix soit avec vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie. »” (Jn 20,19-21)
Jésus les envoie, mais ils auront du mal à bouger.
Si cette étrange situation avait duré, l’Église aurait compté quelques dizaines de personnes et se serait interrompue avec leur mort !
En ce qui concerne les Apôtres, cette situation n’a duré que cinquante jours, puisqu’avec la grâce de l’Esprit, ils ont été transformés.
Mais ces cinquante jours nous étonnent : comment ont-ils pu faire la rencontre du ressuscité et ne pas être des témoins ?
En vérité, nous serons moins étonnés si nous faisons l’examen de ce qu’a été notre vie de croyants… il est probable qu’au cours de périodes bien plus longues, elle a été silencieuse et sans rayonnement.
Des confirmés qui ne témoignent pas : c’est une situation relativement commune dans l’Église… mais c’est évidemment une anomalie.
La vocation des cellules d’évangélisation est de nous aider à sortir de cette attitude étrange… de ne jamais nous faire une raison, même si cette attitude est généralement considérée comme “religieusement correcte” dans notre entourage.
On ne peut pas entendre les paroles de Jésus : « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie », (Jn 20,21) et continuer à ne rien faire. La grâce de la Pentecôte est celle de tous les confirmés.
Ce qui veut dire que, quelle que soit la situation où Dieu nous a placés, elle comporte un oikos, c’est-à-dire un ensemble de personnes qui peuvent recevoir l’Évangile… et dont certaines ne le recevront qu’à travers nous.
Cela veut dire aussi que nous devons apprendre à reconnaître ce que l’Esprit réalise par nous. Nos projets ne s’accomplissent pas toujours comme nous le rêvons… mais Dieu agit par nous.
On pense que Dieu attend de nous des exploits, et on ne voit pas le petit peu que l’on fait déjà, et où son Esprit est agissant.
C’est là que le rôle du partage est irremplaçable pour nous aider dans ce discernement : nous ouvrir les yeux et nous rendre courage… nous apporter, à la fois, une aide fraternelle et la guérison de l’Esprit
Que Dieu vous bénisse.
JC.P.
Publié le 2010-09-20