à la rémission des péchés,
Frères et sœurs… la révélation de la patience de Dieu, de sa fidélité et de sa tendresse a largement précédé l’évangile… celui que Moïse et les prophètes ont rencontré n’est autre que le Dieu d’amour … mais, ce qui nous surprend, dans le message de l’Ancien Testament, c’est qu’il associe, comme si cela allait de soi, cet amour avec une extrême sévérité.
Dieu se manifeste à Moïse par ces paroles : “Yahvé, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité, qui reste fidèle à des milliers de générations, qui supporte la faute, la révolte et le péché … mais qui poursuit, sans rien laisser passer, la faute des pères chez les fils et les petits-fils sur trois et quatre générations.” (Exode 34,6-7)
En fait, la difficulté de cette révélation ancienne, était de nous dire, à la fois, l’immense gravité du péché … et l’immensité de l’amour de Dieu qui patiente et qui pardonne.
Or l’Ancien Testament a quelquefois du mal à parler au conditionnel. Le récit du déluge en est un exemple. Ce récit, extrêmement important, veut nous dire ce que Dieu ferait s’il nous traitait selon nos droits … il détruirait l’humanité !
Pour nous faire une telle révélation, le livre de la Genèse nous dit, tout simplement, qu’il l’a fait ! Mais il ajoute ensuite que Yahvé a eu des regrets … et qu’il s’est promis de ne plus recommencer … bien que le péché des hommes ne cesse de proliférer :
“Le Seigneur … se dit en lui-même : Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme. Certes, le cœur de l’homme est porté au mal dès sa jeunesse, mais plus jamais je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait.” (Genèse 8,21)
L’auteur de ce récit n’est pas un naïf … il ne croit pas en un Dieu indécis … et il suppose que nous-mêmes ne serons pas assez naïfs pour prendre à la lettre son langage.
Ce qu’il nous révèle, c’est l’immense miséricorde de Dieu, qui a décidé de ne pas nous traiter selon ce que nous méritons.
Cette révélation fondamentale se retrouve d’une façon identique dans l’évangile … à l’occasion d’un fait divers cité par Jésus :
“Ces dix-huit personnes sur lesquelles est tombée la tour à Siloé, et qu’elle a tuées, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière.” (Luc 13,4-5)
A l’époque de Jésus, la tour de Siloé, construite sur une forte pente, s’était écroulée, et naturellement, à Jérusalem, ville de théologiens, on spéculait sur la culpabilité des dix-huit personnes qui se trouvaient là et avaient été tuées.
Imaginons un instant que nous, chrétiens du 3° millénaire, nous soyons transportés, avec nos bons sentiments, à Jérusalem, parmi les docteurs juifs du premier siècle.
Nous ne pourrions pas nous empêcher de leur donner notre avis … et nous leur expliquerions, sans la moindre hésitation, qu’il s’agit d’un pur accident, et que ces dix-huit personnes n’avaient pas mérité un tel sort !
Vous pouvez voir que la réponse de Jésus est très différente !
Il dit clairement que ces personnes n’étaient pas plus coupables que d’autres … mais il affirme également, que tous ceux qui vivent dans le péché et refusent de se convertir, mériteraient un tel sort !
Autrement dit : si ce monde continue d’exister, malgré le péché, c’est parce que Dieu est d’une infinie patience… et que son seul désir est de donner son pardon à ceux qui se reconnaîtront pécheurs.
Ce que nous appelons l’“enfer”, et que Jésus appelait la “Géhenne”, n’est pas un reste des premiers temps de la révélation, c’est, au contraire une relative nouveauté, apparue, dans l’Ancien Testament, à peu près un siècle avant l’évangile.
Jésus nous révèle que l’enfer est éternel. Cela ne veut pas dire que Dieu, à partir d’un certain moment, refuserait de pardonner … cela veut dire que l’homme est capable d’un endurcissement éternel.
Quels que soient les péchés d’un homme, Dieu patiente autant qu’il est possible … mais, au terme de sa vie, si son endurcissement dans le péché est définitif, Dieu respectera ce choix.
C’est pourquoi l’écriture nous met en garde contre cet endurcissement.
Par la bouche de Paul, Dieu lui-même nous supplie de nous laisser réconcilier avec lui :
“C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu.” (II Cor 5,20)
Que le Seigneur vous bénisse, lui qui aime pardonner.
JCP
Publié le 2006-11-27