La parabole du bon Samaritain (Lc. 10,25-37) est une histoire qui répond très directement à la question : “Qui fait partie de mon oikos ?”
Un docteur de la Loi demande à Jésus : “Qui est mon prochain ?”
Les Juifs connaissaient le commandement : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” (Lévitique, 19,18), mais ils supposaient que ce commandement était réservé à l’usage interne du peuple de Dieu… et qu’ils n’avaient pas à aimer de la même façon les étrangers à Israël.
Interprétation surprenante : il faut aimer son prochain… mais pas les étrangers… puisqu’ils ne sont pas des prochains !
Jésus se garde bien de faire la morale au docteur de la Loi, et de l’inciter à l’amour des étrangers ! Il aurait fait figure de rêveur et de dissident !
Il veut l’obliger à donner lui-même la réponse.
Alors, il lui raconte l’histoire d’un Samaritain qui s’est montré le prochain d’un Juif, et qui a fait preuve de bonté envers lui.
Depuis des siècles, les Juifs méprisaient les Samaritains et les considéraient comme une race abâtardie et infidèle à la Loi de Dieu.
Le Samaritain de la parabole devait donc savoir que s’il avait rencontré un Juif en bonne santé, celui-ci l’aurait croisé sans même le voir !
Mais il le rencontre, mourant, en travers de sa route… il ne peut pas passer sans l’enjamber. C’est vraiment le genre de prochain qu’il n’aurait pas choisi … mais que Dieu met sur son chemin.
Tout les éloignait… si ce n’est que les circonstances de la vie les avaient rapprochés.
Le Samaritain se montre totalement disponible… il accepte celui que Dieu met sur sa route : celui que les circonstances l’invitent à considérer comme sonprochain… et vous remarquez que sa disponibilité est sans bornes : il le soigne, il le met sur sa monture, il le dépose dans une auberge, il paye d’avance… et il s’engage à rembourser l’aubergiste en cas de besoin… une disponibilité qui va au-delà du vraisemblable !
En entendant cette histoire, le légiste a dû reconnaître qu’un Samaritain, dans de telles circonstances, pouvait être son prochain, mieux qu’un prêtre du temple, ou mieux qu’un lévite.
Morale de l’histoire : Mon prochain, c’est celui qui est proche !
Cela peut être un proche parent… qui a toujours été proche… ou un voisin … et chacun sait qu’on ne choisit ni ses parents, ni ses voisins !
Et cela peut être absolument n’importe qui… que les circonstances de la vie ont rendu proche… et qu’on ne choisit pas non plus.
Voilà notre oikos… c’est à dire l’ensemble de nos prochains.
Etablir la liste de notre oikos ne consiste pas toujours, à faire des choix… mais, plus souvent, à accueillir ceux que Dieu met sur notre route… comme fait le Samaritain de la parabole.
Et les accueillir, ce sera, à l’exemple du Samaritain : “faire preuve de bonté envers eux” (Luc 10,37)… puisque l’évangélisation commence par là : se montrer serviteur… faire preuve de bonté… être totalement disponible… être prêt à accueillir les personnages les plus inattendus, que Dieu dans sa fantaisie sans bornes, va mettre sur notre route.
Etablir notre oikos comporte, peut être, une part de choix… mais cela consiste pour l’essentiel, à dire, à notre Père : “Que ta volonté soit faite.”
Frères et sœurs, que Dieu vous bénisse.
JCP
Publié le 2005-02-07