Evangelii nuntiandi - 6

Annoncer l’Évangile, ce n’est pas seulement proposer les vérités de la foi, c’est aussi proposer un certain mode de vie.
Ce nouveau mode de vie comporte plusieurs éléments : d’une part c’est une conversion ou un renoncement à certains comportements, même s’ils sont autorisés dans le monde profane. D’autre part, c’est l’entrée dans une communauté d’Église. Enfin, c’est recevoir les Sacrements de l’Église.

23. L’annonce, en effet, n’acquiert toute sa dimension que lorsqu’elle est entendue, accueillie, assimilée et lorsqu’elle fait surgir dans celui qui l’a ainsi reçue une adhésion du cœur. Adhésion aux vérités que, par miséricorde, le Seigneur a révélées, oui. Mais plus encore, adhésion au programme de vie – vie désormais transformée – qu’il propose. Adhésion, en un mot, au Règne, c’est-à-dire à la nouvelle manière d’être, de vivre, de vivre ensemble, que l’Évangile inaugure. Une telle adhésion se révèle concrètement par une entrée palpable, visible, dans une communauté de fidèles … par l’adhésion à l’Église, et l’accueil des sacrements qui manifestent et soutiennent cette adhésion, par la grâce qu’ils confèrent.

Recevoir l’Évangile, c’est adhérer à chacune des vérités du Credo. C’est aussi adhérer à une certaine morale. La morale, c’est tout le domaine du comportement : de ce qu’il faut faire ou ne pas faire.
L’essentiel du message du Christ : ce qui résume la loi et les prophètes, n’est pas une des vérités du Credo. C’est le commandement de l’amour, qui n’appartient pas au domaine de la croyance, mais au domaine de l’action, et qui est inséparable des autres commandements.

Jésus disait : « Celui qui transgressera un seul de ces plus petits commandements et enseignera aux hommes à faire de même sera déclaré le plus petit dans le Royaume des cieux; au contraire, celui qui les mettra en pratique et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. » (Mt 5,19) Ce qui montre bien l’importance du comportement ou de la morale dans l’Évangile.

Mais on ne peut pas vivre en chrétien en étant isolé. Devenir disciple du Christ, c’est entrer dans son Église. Tous ceux qui sont en communion avec le Christ sont, de ce fait en communion les uns avec les autres : c’est la communion des saints.

On ne peut pas, non plus, vivre en chrétien sans les Sacrements. Il n’y a pas d’autre façon d’entrer dans l’Église que le Baptême.
Le Baptême réalise deux choses : l’appartenance à l’Église et l’incorporation au Christ. Celui qui est incorporé à l’Église par le Baptême sait qu’il est incorporé au Christ. Et cette union au Christ ne peut pas durer et grandir sans l’Eucharistie.

Évangéliser, c’est donc proposer ces quatre points : les vérités de la foi, la morale de l’Évangile, l’entrée dans l’Église, et les Sacrements.

24. Finalement, celui qui a été évangélisé évangélise à son tour. C’est là le test de vérité, la pierre de touche de l’évangélisation : il est impensable qu’un homme ait accueilli la Parole et se soit donné au Règne sans devenir quelqu’un qui témoigne et annonce à son tour.

Autrement dit : refuser d’évangéliser, c’est le signe ou le test que l’on n’a pas été vraiment évangélisé soi-même : c’est le test qui signifie que l’on n’a pas vraiment entendu la Parole de Dieu, et que l’on n’est pas vraiment entré dans le Règne, c’est-à-dire, dans la mouvance de Dieu.

Celui qui a reçu en vérité le trésor ou la perle rare du règne de Dieu a le désir de partager ce trésor. Il fait tout pour le communiquer à ses enfants et à ceux qu’il aime; et s’il est vraiment apôtre, il cherche à le partager au-delà du cercle familial.

On peut voir, dans ce passage, une invitation à passer en revue, dans la prière, les personnes de notre environnement (oikos), et à nous interroger sur le service ou sur le témoignage que l’on peut donner à telle personne que l’on estimait trop éloignée de l’Église, ou inapte à être évangélisée.
Il y a des personne qu’il ne nous vient pas à l’idée d’inviter à un parcours Alpha, et, moins encore, dans la cellule.
Il faut semble-t-il remettre en question ces choix inconscients et se demander comment inviter ces membres éloignés de notre oikos : ceux qui pouvaient sembler non-invitables.

Frères et sœurs, que le Seigneur vous bénisse, vous qui êtes habités par ce désir d’évangéliser.

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